l a c r i t i q u e i n v i t é e Catherine Fruchon Toussaint (RFI) a aimé « Simonetta Greggio a beau écrire en français depuis longtemps, elle ne peut pourtant pas se détacher de son pays natal, l’Italie, dont elle raconte sans concession les pans les plus sombres. Après deux sagas étourdissantes « Dolce Vita 1959-1979 » et « Les Nouveaux Monstres 1978-2014 », la voici avec « Black Messie » s’attaquant à une autre réalité : celle de meurtres en série qui ont ravagé la Toscane dans les années 80 et dont elle imagine qu’ils refont surface aujourd’hui à Florence. Désarçonné par cette nouvelle vague de crimes sordides Jacopo, le capitaine des carabiniers, met toute son énergie à résoudre cette enquête à l’aube de sa retraite. En regard de son récit, celui de Miles, un universitaire noir américain exilé en Italie après la mort violente de sa femme, et dont la propre fille a été enlevée sans doute par celui qu’on a surnommé le Monstre car il viole, torture et assassine les jeunes femmes dont les corps suppliciés sont mis en scène comme dans un tableau de Botticelli. Sous couvert d’une enquête policière, Simonetta Greggio s’interroge sur la question du Mal. Celui qui depuis des siècles transforme les hommes en barbares, celui qui se transmet dans les arcanes, celui qui rassemble les êtres les plus immondes dans des loges secrètes dont le pouvoir corrompt toute la société. Dans une écriture fiévreuse, la romancière italienne explore ce monde de ténèbres, traversé parfois par quelques images lumineuses. Mais qu’on ne se fasse pas d’illusions, c’est un livre vraiment noir, qui nous tend un miroir de douleurs. Dérangeant donc, mais à l’image même des démons invisibles autour de nous, voire en nous, brrrrr j’en frissonne encore… » Propos recueillis par Pascale Frey |
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