L’auteur du Club des Incorrigibles Optimistes (Prix Goncourt des Lycéens en 2010) revient ici avec un roman extraordinaire : la vie d’un homme, Joseph Kaplan, né à Prague en 1910. Avec une verve littéraire inouïe, Jean-Michel Guenassia réussit à nous passionner pour les aventures de cet homme qui vit toutes les grands moments historiques du XXe siècle. Fils et petit-fils de médecins juif, il perte sa mère au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il décide ensuite de partir à Paris poursuivre sa carrière de médecin. Bals, amourettes et vie de bohème s’enchainent sur les airs de Carlos Gardel et sur fonds de montée des fascisme en Europe. La Seconde Guerre Mondiale, il la vivra en Algérie dans des conditions épouvantables. Voulant retrouver son père dont il est sans nouvelles depuis de nombreuses années, il retourne dans sa ville natale et y découvre une ville prête à renaître dans les bras d’un communisme salvateur. Les désenchantements politiques et familiaux ne affaiblissent jamais notre héros – même lorsqu’au milieu des années 1960, un mystérieux argentin débarque dans sa clinique, le fameux Ernesto G. qui donne son nom à l’ouvrage et qui bouleversa la vie de sa famille.
Le style est très agréable. Malgré l’impatiente – légitime – du lecteur porté par la curiosité, il faut prendre le temps de lire cet ouvrage, où le temps passe souvent très lentement, pour ressentir la vie d’Alger des années 30 ou de Prague dans les années 60. Entouré de seconds rôles, extrêmement attachants et dépeints de manière hyper-réalistes, Joseph Kaplan est un homme unique et universel, sans convictions inébranlables, ni rêves plus grands que nature. Un héros qui change avec le monde et qui le suit, assurant sa survie, le pieds sur terre et le coeur dans la poitrine.