Les internautes l'ont lu
Voilà une histoire de femmes, avec elles, sur elles, pour elles. Liées par une mystérieuse boîte – aux pouvoirs magiques – qu’elles se passent les unes après les autres comme le témoin d’un relais entamé depuis plusieurs générations, les femmes tissent leur(s) histoire(s) en se nourrissant du vécu de leurs aînées, pour le meilleur et pour le pire. Cette transmission entre mère et fille(s) se déroule lors des premiers signes de la puberté, la boîte symbolisant le passage de l’enfance au monde adulte, dotant chaque fille d’un pouvoir particulier. Les hommes n’ont ici que très peu de place. La représentation qui est faite d’eux n’est pas très flatteuse ; les hommes sont souvent lâches, couards, paresseux, timides, grotesques, joueurs. En revanche, les femmes apparaissent courageuses, responsables, aimables, travailleuses. Ce manque de nuances, la bêtise des hommes et la raison des femmes m’a un peu dérangée. Les conditions féminines ( fin 19ème siècle en Andalousie ) sont ainsi mises en avant tout le long du roman ; la misère, les accouchements à domicile, l’indifférence des hommes, l’aspect besogneux de la vie des femmes dès le plus jeune âge, les mariages arrangés, la maison à entretenir, les enfants à s’occuper, le poids des traditions et autres superstitions…peu de place pour rêver, flâner et penser à soi. Ce roman est vraiment atypique – ce qui peut dérouter le lecteur -, il s’agit davantage d’une fable, d’un conte. L’onirisme très présent cotoie avec plaisir ( puis avec lassitude en ce qui me concerne ) le fantastique. On rencontre ainsi au fil de la lecture un homme qui se prend (littéralement!) pour un coq, un ogre, un enfant à plumes, une petite fille à la peau de lumière, une autre qui a le pouvoir de tuer d’ un simple baiser… Quant au personnage central – la mère – Frasquita Carasco, il est terriblement attachant ; couturière, elle confectionne de splendides robes si belles qu’elles semblent irréelles, et a le don de « raccommoder » les hommes, en leur donnant un nouveau visage. Je garderai l’image d’elle conduisant sa charrette emplie de ses enfants à travers l’Espagne, débordant d’ amour pour eux. Le cœur cousu ne laisse pas indifférent, le côté fantastique a égaré mon esprit à plusieurs reprises, mais le style littéraire de l’auteure est d’une grande beauté, on prend beaucoup de plaisir à lire certains passages à haute voix. Elle parvient à décrire les sensations, les paysages, la violence avec beaucoup de réalisme, mais aussi les rêves, et tout cela d’une manière poétique à souhait. Retrouver Nadael sur son blog
coup de coeur
Une boîte à ouvrir…
Une boîte transmise selon un rite bien précis voire ensorcelant, un réel don pour transformer tout tissu en vêtement irradiant, tel est le départ de la vie tumultueuse de Frasquita. Cette femme, de prime abord bien singulière, va se révéler déterminée sur cette route initiatique, mystique et onirique où elle entraîne ses enfants, eux-mêmes très particuliers, issus d’un père fasciné par les coqs. Cela peut sembler bien étrange, proche du surnaturel dans les premières lignes mais Carole Martinez sait nous happer par des mots, des sensations, des odeurs, des personnages qui vivent encore même quand on se voit obligé de poser le livre… mais pas longtemps ! Un livre ambigû comme l’être humain …onirique et réel …doux et brutal … une perle à découvrir, à apprécier, à détester, à partager … |
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