Toutes les vagues de l'océan
Victor del Arbol

Traduit par Claude Bleton
Babel
actes noirs
février 2015
688 p.  9,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

L’idéal politique est parfait. Sur le papier.

Voici un roman que l’on traverse comme un tour de montagnes russes. D’abord sans voir où il nous mène, puis aspiré par un déchainement de sensations fortes, enfin sonné par une succession folle de retournements. L’Espagnol Victor del Arbol, révélé en 2012 par « La tristesse du Samouraï », ne fait pas de concessions et pour encaisser « Toutes les vagues de l’océan », son troisième opus, il faut de l’estomac.

Naviguant entre la Russie des années 1930 et la Catalogne des années 2000, il fait se croiser et s’affronter des familles issues de la guerre civile espagnole et du stalinisme. Depuis la lutte pour survivre au goulag jusqu’aux rivalités mafieuses, leurs alliances et leurs trahisons s’expriment naturellement dans la violence. Le sang coule, la cruauté psychologique déferle. Réduits à dominer ou mourir, les hommes s’y comportent en prédateurs, par idéal politique ou par cupidité.

Dans ce tourbillon de haines, un héritier tente, à l’heure de solder les comptes, de dévier du jeu macabre imposé par la génération d’avant. Autour du personnage central du roman, l’avocat barcelonais Gonzalo Gil, l’auteur développe un propos ambitieux sur la tyrannie de l’idéal, la force des liens du sang, la vanité du pouvoir… Si la déportation de son père Elias dans l’enfer sibérien de Nazino, puis dans le camp de Colioures, sont les moments de bravoure du livre, les amours de Gonzalo avec l’artiste rebelle Tania ou ses confrontations avec le flic corrompu Alcazar en sont les respirations.

La densité de l’intrigue, l’ambivalence des personnages, la complexité de leurs relations, font du récit une sorte de performance qui force l’admiration. 

Lire notre interview de Victor del Arbol

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