Gregorius est, à Berne, un professeur respecté de latin-grec. Un matin sa vie rangée et propre en ordre est bouleversée par la rencontre, sur le pont de Kirchenfeld, d’une femme, une désespérée, portugaise. Une impulsion – la première de sa vie raisonnable – le fait quitter sa classe à la seconde et sans explication, et prendre le train de nuit pour Lisbonne, avec pour seul guide le livre d’un obscur poète portugais trouvé dans une librairie de la ville. Il vient, à 57 ans, de prendre sa vie en mains.
Non, il ne reverra pas la femme, il ne s’agit pas de romance dans cette histoire, plutôt d’une enquête. On y suit les pas de Gregorius à la recherche obstinée du poète : les textes qu’il finit pas déchiffrer sont d’une grande profondeur (les philosophes reconnaîtront au passage des thèses familières), il voudrait le rencontrer, il apprend qu’il est mort, un mystère entoure sa vie, ses amis survivants font des allusions à la police de Salazar…
Au terme de ce très beau roman d’initiation, Gregorius aura découvert des réalités dont sa formation universitaire ne soupçonnait pas la complexité, des êtres humains de chair et de sang, des amis, les premiers. La vie, enfin.