Il y a du sexe, de la drogue, pas de rock’n roll, mais beaucoup de talent Ceux qui l’ont regardée à la télévision, dans la « Grande librairie », ont pu constater que Milena Busquets n’avait pas la langue dans sa poche, qu’elle avait un sens de la répartie aiguisé, sinon aurait-elle lancé à un François Busnel lui reprochant de manquer de modestie, qu’il n’était pas très modeste lui non plus ?! La rencontrer est une expérience très joyeuse. Malgré la gravité du thème de son roman (une jeune femme n’arrive pas à se remettre de la mort de sa mère), elle déborde de vie et de vitalité, d’humour et de spontanéité. Milena Busquets est née à Barcelone. Sa mère, celle du roman, était une intellectuelle réputée, une grande éditrice doublée d’un écrivain. Elle était respectée de toute l’intelligentsia catalane. « Quand elle avait quelque chose d’important à nous dire, elle nous écrivait une lettre, » se souvient Milena. Après avoir suivi des études d’archéologie, elle change de voie et entre dans la maison familiale, très littéraire, et travaille comme éditrice junior. Après quelques rebondissements, elle décide d’abandonner l’édition, « c’était un monde finalement que je n’avais pas choisi », et collabore avec la presse people, s’occupe ensuite du marketing d’une grande marque de luxe, elle ouvre son blog… Et puis sa mère meurt, et c’est un cataclysme dans sa vie. Même si elle est adulte depuis longtemps, elle-même maman de deux garçons, elle se sent dévastée : « je me suis mise à chercher l’amour que j’avais perdu, un homme qui serait ma mère, sans succès bien sûr ! » Dans ce roman, elle raconte son premier été sans sa mère, mais en compagnie de ses ex-maris, de ses amies d’enfance et de quelques amants. Il y a du sexe, de la drogue, pas de rock’n roll, mais beaucoup de talent. On l’a comparée à Françoise Sagan, probablement à cause de son héroïne de bonne famille qui fait les quatre cents coups… « En Espagne, on me dit que mon roman est très français et en Allemagne qu’il est très Almodovar ! » Elle ne voulait pas écrire une autobiographie, « je trouve peu élégant de raconter ma vie en 180 pages », mais reconnaît que cette fiction n’est pas tout à fait fictive. De la même manière qu’on ne fait pas de bonne littérature avec des bons sentiments, Milena Busquets ne voulait pas s’embarrasser de pudeur inutile. Est-ce cette liberté, parfois un peu iconoclaste, qui a plu aux Américains au point qu’ils proposent, incroyable pour un roman traduit, 500.000 dollars pour acheter le roman ? Et que trente-deux pays en ont acquis les droits ? « Je ne peux pas m’empêcher de penser que lorsque le livre va sortir chez eux, ils comprendront qu’ils se sont trompés ! » Depuis sa parution en Espagne, en janvier dernier, Milena se fait aborder par des femmes dans la rue, « et je me sens moins seule », elle reçoit aussi des demandes en mariage : « les femmes me comprennent, et les hommes tombent amoureux » s’amuse-t-elle. Le roman se passe à Cadaquès, l’héroïne s’appelle Blanca, celle-ci traverse son été en essayant tant bien que mal de reprendre goût à la vie, mais elle sait dorénavant que ce que lui disait sa mère, « Ça aussi ça passera », n’est pas vrai. Et Milena est d’accord avec Blanca. |
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