Rencontre avec Soledad dessinatrice de nos vie
La dessinatrice Soledad Bravi raconte l’adolescence de ses filles et ses débuts de joggeuse. Quel rapport entre les deux ? Fuir la maison pour ne pas jeter ses enfants par la fenêtre ! « Un matin, ma fille m’a regardée et m’a dit : cette nuit, j’ai rêvé que tu te faisais opérer des cernes ». A cet instant, Soledad (une ravissante quadragénaire SANS cernes) a pensé qu’elle avait deux options : soit sombrer dans la dépression, soit en rire. Elle a choisi la deuxième voie et cette traversée houleuse de l’adolescence nous est racontée en bulles dans « Restons calmes », un album à la fois charmant et désopilant. Soledad Bravi, vous la connaissez peut-être sans le savoir. En tout cas les lectrices (et lecteurs) de ELLE la suivent depuis des années. En collaboration avec Fonelle, elle a métamorphosé l’académicien Jean d’Ormesson en Jeannot Lapin, à la plus grande joie de celui-ci qui reconnaît leur devoir une grande partie de sa popularité auprès des jeunes. Petit retour en arrière : « Lorsqu’on rentrait de l’école avec mes frères, ma mère pensait que nous étions trop fatigués pour faire nos devoirs. Elle sortait les boîtes de crayons pour dessiner. » Résultat, les deux garçons sont devenus directeurs artistiques et elle illustratrice. Après le bac, Soledad entre à l’école de design et graphisme Penninghen, puis passe par la publicité avant de décider, à la naissance de sa fille aînée (celle des cernes !), de se consacrer au dessin. L’album qui paraît aujourd’hui a d’abord débuté par un blog. « Les gens ne savaient pas ce que je faisais en dehors de ELLE. C’est-à-dire des couvertures de livres, des tableaux. J’ai commencé ce blog pour le leur montrer, et puis peu à peu je me suis mise à dessiner tous les jours. Et lorsque ma fille aînée a commencé à être atroce, j’ai pensé que c’était un bon moyen de faire baisser la pression. En même temps, et pour les mêmes raisons, je me suis mise au jogging… » Ce dont elle se moque aussi dans « Restons calmes ! » et pas mal d’entre nous se reconnaîtront dans ces efforts surhumains pour gagner un combat quotidien contre soi-même: le sport plutôt que la sieste sur le canapé ! Comment ses filles ont-elles réagi à la lecture de ces pages ? « Au début, elles étaient un peu blessées, et me disaient : fais attention à ton blog, car ça peut nous retomber dessus à l’école. Elles me reprochaient de ne montrer que leur côté méchant. Et puis je leur ai expliqué que c’était ça justement qui était amusant… » En dehors de ELLE, de son blog et de sa BD, Soledad dessine aussi les couvertures d’une collection intitulée « Les Paresseuses » chez Marabout, et des livres pour enfants de 0 à 3 ans: « J’adore ça. Il y a tout à leur apprendre et comme ils ne savent pas lire, je pense aussi aux parents : quand il faut raconter 30 fois la même histoire, autant s’amuser ! » Elle vient d’illustrer enfin un album de David Foenkinos (« Le saule pleureur de bonne humeur »), et de lancer une application Iphone , « Les jeux de lapins », mais rien à voir avec le Jeannot écrivain cette fois ! Son inspiration, elle la trouve chez Margot et Lili, ses deux filles, en courant dans le jardin du Luxembourg, aux soldes de Vanessa Bruno où toute une armada de filles en string essaient frénétiquement ce qui leur tombe sous la main, à une expo de tableaux qui provoque des commentaires souvent surréalistes de la part des visiteurs… « Un dessin, pour moi, c’est un peu comme concevoir une affiche : il faut qu’il soit provocant. Et j’ai une immense admiration pour Tomi Ungerer, mon dieu, qui réussit à être graphiste et illustrateur à la fois. » Soledad collabore à o n l a l u |
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