o n l a l u & vu Le film « Réparer les vivants » de Katell Quillévéré est très fidèle au roman de Maylis de Kerangal que j’ai tellement aimé*: trois adolescents, passionnés de surf, se sont levés à l’aube pour profiter de la vague. A leur retour, épuisés, ils ont un accident de voiture et l’un d’entre eux, Simon, est grièvement blessé. Lorsque ses parents sont prévenus, Simon se trouve déjà dans un coma dépassé. La deuxième partie du film, comme dans le roman, s’ouvre sur l’espoir d’un futur pour Claire (interprétée par Anne Donval, la « Mommy » de Xavier Dolan), alors qu’à cinquante ans, elle ressemble à une bougie qui s’éteint. Souffrant d’une maladie du cœur, ses jours sont comptés et elle doit économiser chaque mouvement. Même ouvrir un parapluie s’avère au-dessus de ses forces. Comme dans le roman toujours, le fil rouge entre Simon et Claire, s’appelle Thomas. C’est l’infirmier chargé de la très périlleuse mission d’aborder les parents qui viennent d’apprendre que tout est terminé, pour leur demander s’ils acceptent ou non que leur fils devienne donneur. Étonnamment, c’est au cours de longues scènes tournées au bloc opératoire, très réalistes, que le spectateur peut reprendre son souffle. Seul écart par rapport au texte original, l’apparition d’un personnage, une jeune pianiste qui fut l’amante de Claire. Cela n’apporte pas grand chose à l’histoire, si ce n’est une certaine légèreté peut-être. Un mot encore sur l’excellente interprétation de tous les comédiens, avec une mention spéciale pour Tahar Rahim – l’infirmier délicat et professionnel – et Emmanuelle Seigner qui joue une mère dévastée avec une justesse bouleversante. Alors faut-il aller voir ce film? Certes, il est réussi sur le plan cinématographique et, comme le livre de Maylis de Kerangal,se révèle un beau plaidoyer en faveur du don d’organes. Mais il faut que vous sachiez ceci: les acteurs ont beau affirmer sur les plateaux télé qu’il s’agit d’un livre sur la vie plus que sur la mort, vous en ressortirez complètement lessivés, vous aurez pleuré pendant près de deux heures, et vous y penserez encore longtemps, très longtemps, après être sorti de la salle… Vous voilà prévenus. *notre rencontre avec Maylis de Kerangal est ici |
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