Marcel Proust
Gallimard
quarto
février 1999
2408 p.  35 €
 
 
 
Fernando Pessoa
Christian Bourgeois Editeur
mai 1988
277 p.  21,34 €
 
 
 

Librairie Ici (Paris)

illustration Brigitte Lannaud Levy (Dr.)

Elle s’appelle tout simplement ICI, car cela se passe ici et pas ailleurs. Quel joli nom, simple et percutant.  Avec sa remarquable devanture design d’un subtil rouge orangé, elle vient d’apparaître cet automne à Paris sur les grands boulevards. C’est la plus grande librairie indépendante jamais ouverte depuis vingt ans dans la capitale. On ne fera jamais assez de place à la lecture. C’est immédiatement ce qui vous vient à l’esprit en découvrant cette toute jeune et pourtant si grande librairie de 500 mètres carrés répartis en deux niveaux. Vous vous souvenez alors de ce temps où une grande chaîne  de magasins culturels se targuait qu’on ne ferait jamais assez de place à la musique avant de fermer ses portes une à une, dont son vaisseau amiral parisien le mégastore des Champs Élysées.  Et bien, c’est justement en faisant leurs armes chez Virgin que Anne-Laure  Vial et Delphine Bouétard  se sont rencontrées, ont appris leur métier de libraire et à voir les choses en grand. Si à l’époque la crise du disque et la hausse des loyers ont eu raison de leur ancienne et prestigieuse  maison, elles gardent une foi indéfectible en  la capacité de mobiliser les lecteurs grands et petits,  autour d’un vaste lieu consacré à la lecture, aux rencontres, aux échanges. «  Depuis 2012 nous imaginions créer toutes les deux une grande librairie qui serait un véritable lieu de vie, de respiration et d’évasion ouvert à tous » nous confie Delphine Bouétard. « Et surtout avoir l’offre la plus large possible, pour répondre aux espérances de chacun» rajoute  Anne –Laure Vial. C’est aujourd’hui chose faite avec ce lieu  spectaculaire conçu par le jeune studio d’architectes Briand&Berthereau qui a fait de cet ancien magasin de vêtements un véritable écrin de bois de bouleau clair pour les 40.000 livres disponibles. Au sous-sol où auparavant il y a eu un cinéma et les célèbres boites de nuit  « Le Pulp » et « Le Scorp », vous trouverez  un vaste espace avec 4 ,5 mètres de hauteur sous plafond, meublé d’estrades en forme d’agora pour y lire et y organiser des événements, des rencontres, des ateliers.  Si l’envie vous prend de vous poser autour d’une douceur et d’une boisson,  direction le coin café « Coutume »  où l’as de la torréfaction vous  propose une restauration légère salée-sucrée à toute heure.  Rencontre avec deux héroïnes modernes qui face au géant Amazon affichent une audace pleine d’optimisme « Même pas peur. Les rapports humains , le conseil feront la différence»  nous répondent-elles en chœur, confiantes en l’avenir. Alors justement, écoutons leurs si précieuses recommandations de lecture.

En cette fin de rentrée littéraire quel a été votre gros coup de cœur ?
« Arcadie » d’Emmanuelle Bayamack-Tam (P.OL). L’histoire d’une enfant dont on suit le délicat passage de l’adolescence à l’âge adulte au sein d’une communauté dirigée par un chef spirituel. Son corps de jeune fille se transforme et son identité évolue pour tendre vers un autre genre que le sien. C’est un roman drôle, intelligent, subversif, impertinent et écrit magnifiquement. Un véritable tour de force littéraire.

Et du côté des auteurs étrangers, que nous conseillez-vous ?
«Moi ce que j’aime, c’est les monstres » d’ Emil Ferris  (Monsieur Toussaint Louverture). C’est un roman graphique qui est de la littérature à l’état pur. Une sensation de lecture exceptionnelle tant les textes sont aussi puissants que les dessins sont spectaculaires. Les uns sont totalement dépendants des autres et jamais les uns ne prennent le pas sur les autres. C’est stupéfiant.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Par les écrans du monde » de Fanny Taillandier  (Seuil). Au départ on s’est dit, ça va être un énième roman sur le 11 septembre et au final on a été plus qu’impressionnées.  C’est une réflexion brillante et pourtant simple dans son expression, qui dénonce le jeu des apparences, de l’irrationalité et de la fascination que les images exercent sur nous.

Quel est le livre que vous défendez avec ferveur et  qui est le plus emblématique de la librairie.
Pour moi, nous dit Anne Laure, c’est « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust que j’ai découvert il y a dix ans et ça a été une vraie claque. C’est l’écrivain qui provoque le mieux des images mentales dans le cerveau du lecteur. Et c’est pour cette raison qu’au final il est plus facile à lire qu’il n’y paraît, alors que beaucoup s’en font une montagne. Et Delphine de nous confier: « Pour ma part c’est «Le livre de l’intranquillité» de Fernando Pessoa (Christian Bourgois) que vous trouverez en pile dès que l’on entre dans la librairie. Un livre vers lequel je reviens toujours, inlassablement.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« J’avoue n’avoir jamais lu Céline » nous répond Anne Laure. Et moi Duras »  s’exclame Delphine.

Une brève de librairie :
On ne sait pas si c’est un signe, un message, un présage, mais le premier livre que l’on a reçu sur les 40.000 ouvrages commandés était un livre sur le plan comptable. On s’est dit qu’on espérait avoir mieux à lire très vite.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Librairie ICI
25 Boulevard Poissonnière
75005 Paris
01.85 01 67 30

 

 
 
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