Le critique invité François Lestavel (« Paris Match ») a aimé « Aucun souvenir de Césarée » de Marie-Ange Guillaume (Le Passage) « Ce roman d’inspiration très autobiographique commence au décès de la maman de la narratrice. Celle-ci n’a aucun souvenir de son enfance, ni même de son adolescence. Rien jusqu’à ses vingt ans. Elle s’est toujours appuyée sur ce que sa mère lui racontait et, aujourd’hui encore, grâce aux papiers que la défunte a laissés, elle tente de recréer son passé. Pourquoi a-t-elle tout oublié? Ce livre est une sorte de lettre d’amour à cette mère, institutrice, qui se trouvait sous la coupe d’un mari volage passant son temps à la rabaisser. Elle essaye de surmonter le black out qu’elle fait sur ces premières années, durant lesquelles elle fut également humiliée par son père. C’est un peu comme si elle avait été témoin de sa vie, mais ne l’avait pas vécue. Ce roman n’est pas larmoyant, car Marie-Ange Guillaume pratique aussi l’humour noir, vachard et cinglant, et peu à peu le lecteur va découvrir qu’un secret de famille a provoqué tous ces dégats. Ce livre oscille toujours entre quelque chose d’affreux, et d’affreusement drôle. Il balance entre une immense colère contre le père et cette grande tendresse pour la mère. Pour moi qui lis surtout les polars, cette véritable enquête introspective m’a plu. La romancière décrit des scènes de ménage terribles, parvient à transmettre des sensations qu’elle n’avait jamais été capable d’exprimer. Au fur et à mesure qu’elle les raconte, elle se souvient. C’est l’histoire d’une transmission, d’un cadeau post-mortem (l’enfance qu’elle n’a pas eue) que sa mère lui offre. » Propos recueillis pas Pascale Frey |
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