En principe, l’histoire de ce loser et fier de l’être devrait être lamentable et déprimante. Amoureux fou d’Emma, le narrateur l’épouse, trouve pour leur nuit de noces un camping glauque, et s’attarde tant à boire des bières au bar qu’en revenant à l’aube il trouve le lit vide et la bien-aimée envolée. Raison suffisante pour s’apitoyer sur son sort, et boire de nouvelles bières, Bref, rien d’excitant.
Mais ce camping semble attirer les types les plus déjantés, et devient le théâtre d’évènements loufoques, comme cette épidémie de suicides qui ravage la meute de curieux accourus observer un Allemand, rendu fou par l’abandon de sa femme, marcher en rond sur la plage depuis un mois. L’aventure se termine bien entendu par une catastrophe, mais de toute beauté. Le tout écrit dans une langue vive et imagée, un régal.
Et surtout, au milieu de scènes de beuverie, s’expriment des sentiments très purs : l’amour indéfectible du narrateur pour Emma, l’amitié, la fidélité, le besoin de tendresse.
L’auteur a mis dans chacun de ces paumés une telle générosité qu’on s’en sent ragaillardi et pris de confiance en l’humanité.
Même si le livre suivant s’intitule « pas mieux »…