Son tour du « Monde » n’a pas duré 80 jours, mais 25 ans. Il vogua sur des mers calmes (rarement), essuya des tempêtes (violentes et récurrentes), connut de belles amitiés et de sales trahisons. Le voyage se termina le 15 décembre 2010, lorsqu’il fut révoqué de son poste de directeur du journal. Mais il avait ses romans, et ce gros récit qu’il rêvait d’écrire depuis quelque temps déjà. Une incroyable odyssée de 538 pages dans laquelle il raconte de manière très vivante les premiers reportages, le baptême du feu du jeune journaliste dans une Ethiopie au bord de la famine, les interviews qui l’ont marqué (Jane Birkin lui parlant de Gainsbourg), sa passion du vélo et la décision de suivre le « Midi libre » de l’intérieur, en pédalant. Puis la direction de ce quotidien mythique, les luttes de pouvoir, les conflits incessants jusqu’au dénouement qui, on le sait, ne sera pas un happy end. Aujourd’hui, Eric Fottorino a tourné la page, il continue à écrire ses livres, sans quitter le journalisme, puisqu’il a créé le « 1 », un hebdomadaire d’actualité. Son « Tour du Monde » peut être lu de toutes sortes de façons: comme un reportage, comme un roman d’aventure, comme un essai sur la presse. C’est passionnant.