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coup de coeur
Joute entre deux femmes
Edith, interprète et son mari, vivant dans un appartement bourgeois du 15ème arrondissement prennent Fadila comme femme de ménage marocaine à leur service quelques heures par semaine. Fadila, la soixantaine bien sonnée, marocaine est analphabète et ne se dirige que très difficilement dans ce Paris qu’elle ne connait pas très bien. N’écoutant que son bon cœur, Edith se propose de lui apprendre le français, mais elle sait que ce sera difficile. A la recherche de manuels pour l’aider dans son œuvre, elle parcourt les librairies et, demandant la définition exacte de l’illettrisme, elle obtient deux réponses : Donc merci Madame, Monsieur ; Fadila est analphabète Ce sont tous ces instants que Laurence Cossé nous décrit. Edith utilisera la méthode globale, la méthode syllabique, prendra pour base les nom et prénom de Fadila, celui de ses enfants, son adresse…. Elle connaîtra un petit succès avec les chiffres, mais la tâche s’avère trop rude. 10 jours d’arrêt et il faut tout recommencer à zéro ou presque. Elles ont essayé d’aller à des cours d’alphabétisation, mais Fadila est refusée, trop vieille, Tentatives vouées à l’échec. Pourtant Fadila est partante, enfin, pas toujours : « Elle ne semble par souffrir de la difficulté de l’apprentissage, c’est peu dire. Quand elle vient s’asseoir à côté d’Edith pour lui faire savoir qu’elle est prête à travailler avec elle, ce qui ne se produit pas chaque fois, loin s’en faut, elle est détendue. Tout son être l’est. Cette équipée lui plaît. ». Fadila peut s’exprimer en trois langues : l’arabe, le berbère et le français. De tradition orale, elle s’exprime avec beaucoup de bon sens et une intelligence certaine. Au fil du livre et de l’apprentissage, nous découvrons la vie de Fadila : mariée de force très jeune, elle s’enfuit de chez son mari. Vendue par son père à un vieux marocain, elle est sauvée in extremis d’un empoisonnement, se remarie une autre fois …. Elle n’a connu que le travail et le rapport de force mais ne se plaint jamais de cela. Par contre, elle est en guerre avec ses filles qui ne s’occupent pas assez d’elle et de son fils qui la néglige et n’en veut qu’à son argent. Edith échouera dans sa tentative d’alphabétisation, Fadila n’intègrera jamais la notion de mot, ne saura jamais écrire correctement son nom. Cette joute entre les deux femmes que tout oppose ira de l’esquive au pas de deux en passant par l’affrontement pour aller jusqu’à l’amitié et l’estime, chacune a sorti le meilleur de l’autre. Au Salon des Dames de Nevers, le week-end dernier, Laurence Cossé m’a gentiment dédicacé ce joli récit. Le premier livre lu était « Au bon roman » que j’avais trouvé fort riche et j’en ai un troisième dans ma Pile à Lire : « Vous n’écrivez plus ?» Retrouvez Zazy Mut sur son blog |
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