« Etre ensemble, c’est tout ce qui compte. » Cette phrase est le leitmotiv de ce très beau livre.
L’arrivée du franquisme en Espagne oblige Ama et les siens à quitter leur confort bourgeois pour un exil de l’autre côté de la Bidassoa, à Hendaye. La seconde guerre mondiale les enfonce un peu plus sur le sol français et ils s’installent dans une ferme les Landes. De servie, Ama devient la servante des autres. Aïta devenu métayer, cultive la terre qu’il aime tant travailler qui lui permet de nourrir sa famille. Ils ont vécu tout cela chacun de leur côté. Surtout ne pas alarmer l’autre, rester unis. Aïta garde pour lui ses soucis, ses peurs. Ama les écrit dans un cahier qui la suit partout jusqu’au jour où… Ce cahier est sa soupape, un souffle absolument indispensable pour ne pas tomber comme lorsqu’elle découvre sa grossesse et ce qu’il adviendra. Ils ont chacun leur béquille à elle le cahier, à lui le travail de la terre.
Etre ensemble pour supporter le déracinement, pour supporter la peur, pour supporter le bouleversement, le changement radical de vie… Etre ensemble pour se réchauffer le cœur.
Ce socle d’amour leur permet d’accepter la dégradation de leurs conditions de vie, de continuer à vivre, de se réinventer une nouvelle vie. « Je ne regrette pas d’avoir rencontré celle que je suis aujourd’hui. La vie s’est montrée à moi sous un nouveau jour, parfois sombre, mais toujours instructif et riche »
J’ai aimé le passage où Otzan, le frère aîné raconte un conte à ses frères. « Otzan de bonne grâce, ne bride pas son imagination et ridiculise autant qu’il le peut ce dictateur qui a obligé des familles entière à se séparer, à se haïr, à s’entretuer. »
Les pages du carnet d’Ama donnent à ce livre une simplicité, une profondeur émouvante.
Léonor de Récondo est musicienne et cela se sent dans son écriture. Ce livre est une pure merveille de retenue, de beauté. Léonor de Récondo m’a de nouveau faite vibrer avec ce livre fort, émouvant, rarement gai, souvent triste, sans aucune emphase, simplement superbe.