Journal d'un gardien d'hôpital
Oleg Pavlov

traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton
Les Editions Noir Sur Blanc
janvier 2015
118 p.  14 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Contes de la folie moscovite

Dans les années 90, Oleg Pavlov, écrivain russe désormais incontournable, travaillait comme vigile dans un hôpital moscovite. Un lieu de travail pour le moins atypique car il a tout d’une maison de fous. Ici, patients et employés sont ravagés par l’alcool et la misère ambiante. Tous choisissent de boire, voler, frapper et mentir pour s’en tirer, ce qui donne une chance sur deux à tout entrant de repartir en vie! Ses impressions, Pavlov les notera quotidiennement pendant près de trois ans, sans jamais les dévoiler. Quatorze ans plus tard, il décide de les publier dans « Journal d’un gardien d’hôpital ». Une brillante chronique de la violence ordinaire. Un coup de fouet.

Ce récit de la vie absurde enchaîne les scènes loufoques – mais bien réelles – avec beaucoup d’humour et de cynisme. Et il en faut pour supporter un quotidien fait de cadavres (exquis) et de petites atrocités. Si certains marchent – plus ou moins droit – à la vodka, Pavlov choisit le camp de l’espoir. Et oui, l’espoir fait vivre ! La postface, bouleversante, révèle la persévérance d’un homme qui s’est battu pour écrire et rester dans le droit chemin. Rappelons qu’il eut le Booker Prize russe en 2002 et le prix Soljenitsyne en 2012 pour l’ensemble de son œuvre. Un livre et un parcours exemplaires.

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