De 1981 à 2015 (mais surtout une semaine en 1987 et un mois en 1994), la vie à Saint-Clone, riche banlieue pavillonnaire (« Les banlieues riches, c’est grandes maisons et petites immeubles; les autres, c’est le contraire.« ). On y suit par tranches, par instantanés, une poignée d’enfants et quelques-uns de leurs parents, la maison-l’église-les scouts-les rallyes-la pension-le tennis-la drogue, les marginaux (un vieil écrivain, un SDF « homologué » (« son histoire est de celles qui font frissonner dans les maisons d’architecte.« ), un leader « d’Action Française » et sa blonde de fille…), le boulot des papas (dont un réellement très intéressant, la communication avec les cachalots, quelques passages mémorables) et toute cette sorte de chose. Une banlieue chicos et rongée jusqu’à la moëlle, des apparences, du fiel, beaucoup de malheur en fait mais en ce qui concerne la forme, une vraie proposition originale. L’avancée de l’intrigue mêle les voix, et donne à entendre le quotidien le plus dépouillé des protagonistes, grande place est laissée aux jeux de rôles des adolescents, par exemple, puis plus tard l’ambiance techno et rave est bien rendue par quelques choix typographiques et une scansion particulière. Le tout est absolument maîtrisé (premier roman « adulte » pour Alexis Brocas), très ambitieux, intriguant, mais peu attachant. Ca reste assez formel, clinique et froid, ce qui m’a empêchée de réellement plonger dans le coeur du roman, la plume m’a pourtant séduite.