Imaginez un monde sans abeilles et sans ours, sans arbres et sans fleurs. Imaginez des maisons sans jardin, un ciel sans oiseaux. Des températures extrêmes, des catastrophes climatiques incessantes. Ce monde, bien qu’il nous soit complètement étranger, nous rappelle vaguement quelque chose… ou bien nous fait pressentir un grand danger. Car cette planète en voie d’extinction, c’est bien celle de Nova, jeune Norvégienne de 16 ans, qui vit en 2082. Autour d’elle, ne reste qu’un milliard d’humains, et la plupart des espèces ont été éradiquées de la terre. Le seul moyen qu’a trouvé Nova pour s’évader, c’est d’observer l’environnement sur sa tablette, mais rajeuni d’un siècle : elle rêve de revenir dans le passé. De sa fenêtre, elle contemple la lente marche des milliers de réfugiés climatiques, à dos de dromadaire. Elle contemple en réalité ce que les générations précédentes ont bien voulu lui laisser.
Moins d’un siècle plus tôt, Anna admire elle aussi sa planète, grâce aux images de son smartphone. Notre planète : nous sommes en 2012. L’adolescente vit en Norvège, dans une nature chatoyante, préservée. Mais la jeune fille, très préoccupée par les questions écologiques actuelles, sent qu’un danger les menace. Car toutes les nuits, elle fait un rêve, obsédant : elle voit son arrière-petite-fille, Nova. Elle voit sa planète ravagée, ses rêves détruits par le plus grand des fléaux : l’homme. Dotée d’une imagination sans faille et d’une sensibilité hors norme, Anna est bien décidée à tout faire pour enrayer les risques, et donner une seconde chance à sa progéniture. Plus que sa capacité de communiquer avec le peuple du futur, elle veut aussi leur donner l’espoir de vivre dans un monde meilleur.
Dans ce conte contemporain et philosophique, Jostein Gaarder, l’auteur du célèbre « Monde de Sophie », se glisse dans la peau d’une jeune adolescente, dont la maturité étonne. Sa fraîcheur, son courage, sa détermination à toute épreuve, mais surtout son amour pour l’univers dans lequel elle vit, et pour lequel elle veut lutter corps et âme, la rendent extrêmement attachante. Avec sensibilité, l’auteur amène le lecteur à réfléchir, à prendre du recul, l’entraînant dans une violente -mais nécessaire- prise de conscience. Nous sommes loin des grands discours politiques, loin des avertissements des associations, mais bien au plus près d’une question brûlante, urgente, sans appel. Dans la peau d’Anna, Jostein Gaarder nous montre le meilleur, ce qu’il y a de plus beau sur terre, et en pointant du doigt nos comportements insouciants, voire notre déni, il incite à relever la tête pour repenser notre mode de vie. Il fait référence à une unique conviction, la plus essentielle : il n’est pas encore trop tard.