La rédaction l'a lu
Paris brûle-t-il ?Mai 1897. Où se pressent donc la duchesse Sophie d’Alençon, la comtesse Violaine de Raezal et la délicieuse Constance d’Estingel ? La fleur de l’aristocratie parisienne court vers la rue Jean Goujon à Paris où a lieu tous les ans au Bazar de la charité la plus mondaine et la plus brillante des ventes de bienfaisance. Pour certaines, il s ‘agit d’ un pas important vers la respectabilité, pour d’autres il faut y être vue tandis que quelques unes espèrent y retrouver en secret un galant …Mais un incendie terrible se déclare et en quelques minutes l’endroit se mue en un charnier. Très vite, la liste des portés disparus s’allonge. C’est toute la noblesse française qui pleure ses morts, ses blessés, ses défigurés à jamais. Constance qui vient de rompre avec son fiancé Lazlo par foi religieuse, est blessée et choquée. Elle sera internée de manière abusive dans la clinique du Docteur Brunet qui prétend soigner l’hystérie. Des rumeurs folles circulent dans Paris affolé : certains hommes ont-ils vraiment piétiné des femmes pour sortir de la fournaise ? Tandis que Lazlo, devenu journaliste au Figaro, cherche à laver son honneur, nos héroïnes, rebelles dans l’âme vont travailler à libérer Constance de sa prison. Sous l’identité d’ une autre femme, et délivrée du poids de sa famille, notamment d’une mère peu aimante, celle ci gagnera -t -elle sa liberté au mépris des conventions de l’époque ? L’ auteur Gaëlle Nohant, une presque inconnue, a peut être réussi ici le roman historique idéal : à la fois littéraire et populaire, généreux et incroyablement romanesque. Sous sa plume précise et fluide, on revit le Paris de la fin du dix -neuvième siècle, l’univers policé des convenances mondaines qui volent soudain en éclats lors de l’incendie. Fiacres et élégantes, cousettes et danseuses, duels et secrets d’alcôve, tous les éléments traditionnels sont là, mais transcendés par l’imagination, le savoir -faire et une jubilation certaine à faire revivre les Heureux du monde confrontés au destin et au malheur. Une lecture incandescente.
Les internautes l'ont lu
Une bonne flambée pour la fin de l’été
Ça faisait un moment que je tournais autour, je le prenais, le reposais et j’ai fini par plonger au vu de toutes les critiques élogieuses des Babeliotes. Je n’ai pas boudé mon plaisir, ça se lit bien, très bien parce que c’est très très bien écrit sans être niais. On est aspiré dans cette époque avec des personnages très bien décrits. Je ne connaissais pas l’histoire de ce dramatique incendie qui a décimé une grande partie des femmes de l’aristocratie de l’époque et rien que pour ça : merci. Ensuite je suis un peu mitigée. Vers la fin, sans vouloir déflorer l’intrigue je dirais à partir de la décision de libération, j’ai trouvé que le rythme baissait un peu que l’intrigue perdait de son intérêt et j’ai eu hâte d’en finir, devinant quand même la fin. Un beau roman qui se lit très bien, parfait comme lecture d’été mais de là à dire que c’est le roman historique de l’année 2015 !
coup de coeur
Juste magnifique
Paris mai 1897, la Comtesse Violaine de Raezal, jeune veuve veut trouver une place dans le plus grand bazar de Charité qui aura lieu rue Jean-Goujeon durant trois jours. C’est l’endroit où la noblesse aime être vue, il faut absolument en être. Elle rencontrera la Duchesse Sophie d’Alençon qui n’est autre que la plus jeune soeur de Sissi l’impératrice d’Autriche lors de ses visites dans un sanatorium et sera engagée pour le comptoir n°4. Elle y rencontrera Constance d’Estingel qui vient de rompre la promesse de mariage avec son fiancé le jeune et fougueux écrivain, journaliste Lazlo de Nérac. En effet, troublée par cette promesse d’amour et de liberté, sous le poids de l’éducation religieuse, elle rompra et se consacrera aux autres, devenir dame patronnesse pour le salut de son âme. Ces trois femmes vont sceller à jamais leur destin le 4 mai 1897. Il y a une foule énorme cet après-midi car le nonce apostolique doit venir et l’essentiel est d’être là, d’être vu. Le hangar est étroit. Un appareil cinématographe, nouveauté de l’époque est en démonstration. il est alimenté par de l’éther, matière dangereusement inflammable et le drame arrive. En quelques secondes le bazar est la proie des flammes, c’est horrible, la panique, tout s’embrase. La plume de Gaëlle Nohant est très forte, on a l’impression d’être prisonnier de ce brasier, de ressentir la chaleur, les odeurs, la panique, tout cela semble réel. Lazlo sera dépêché sur place pour y couvrir l’événement pour la presse. Il est hanté par Constance qu’il sait à l’intérieur. Ensuite toujours l’horreur, les victimes, les corps carbonisés à reconnaître, les grands-brûlés recueillis entre autres par Madame Du Rancy, les actes de bravoures dont en particulier ceux de Joseph, le chauffeur de la Duchesse d’Alençon. C’est un récit historique extrêmement bien documenté auquel des personnages fictifs ont été ajoutés. J’ai vraiment eu le sentiment de vivre les événements en direct. La condition de la femme fin dix-neuvième est un élément central du roman. C’est incroyable de voir comme elle appartenait à son mari qui décidait tout pour elle. Si elle n’avait pas la même vision des choses que celui-ci , ou au moindre écart de conduite, on ne faisait pas dans la dentelle et pour un oui, pour un non on l’internait estimant qu’elle souffrait d’hystérie. Elle était alors livrée, abandonnée corps et âme au médecin, ben oui c’était ça le début de la psychiatrie. La place de la religion est importante. Le désir de rédemption qui est la finalité absolue passe par le don de soi et l’aide aux pauvres et aux malades. La place de l’honneur et de ses codes est également mise en avant, c’était le temps des duels. La plume est élégante, fluide et précise. Quelle minutie et multiples détails et précisions, le récit est magnifiquement documenté. Un récit qui dépeint la société où la place de la femme est réduite à être la possession de son mari, sa chose. Sa seule issue, sa rédemption se trouve dans le don de soi pour les autres. Magnifique, sublime, flamboyant. Ma note : 9.5/10 c’est le livre qui a été retenu pour le mois de mai par le jury des lecteurs. Les jolies phrases Il se remit à tousser de plus belle, vomissant le sirop sanglant de ses poumons avec un visage tordu de souffrance. Toute sa personne se dressait dans une dernière révolte contre le mal qui le consumait. L’envie de vivre s’était réfugiée dans cette rage qui convulsait son corps cachectique et provoquait la toux meurtrière, comme on brave l’ouragan qui va vous emporter. Dans ce monde, il n’est pas de bonheur possible. Le croire est une illusion. Violaine se laisse prendre dans le courant, certaine d’aller vers sa mort, fermant les yeux pour les rouvrir avec peine, paupières gonflées par la fumée et la chaleur, les poumons emplis de l’odeur de la chair brûlée, mettant toute son énergie à ne pas tomber, surtout ne pas tomber, tomber c’est mourir, avance, n’aie pas peur -sa peur était si forte qu’elle pouvait la tuer. S’il était irréel qu’une créature aussi raffinée que l’homme pût frire comme une côte de boeuf, le voir de ses propres yeux, c’était mordre par surprise dans le fruit de l’arbre de la connaissance. Un poison entrait dans la tête et le corps, qui vous changerait à jamais. Elle avait de la chance d’avoir gardé une chevelure intacte à l’exception de quelques mèches et d’une longue bande brûlée derrière la tempe droite. Les cheveux restaient ce trésor des femmes qui nourrissait la rêverie érotique des hommes, qui serpentait le soir venu au bas de leurs reins, que les peintres habillaient de lumière et les poètes d’assonances luxueuses. Une femme sans cheveux était une hérésie, une magicienne au mécanisme éventré. Son mariage relevait donc d’une erreur d’aiguillage, il n’en avait été que le passager attendant de descendre en gare. Vous me sauvez, Mary, quand je suis près de vous je sens les ombres noires de ma mélancolie se dissoudre dans votre vivacité, et votre audace me rappelle un temps où la solitude n’était pas une ennemie mais un infini de liberté. Les pages 434 à 436 sont magnifiques. Vous prenez pour de l’amour ce qui n’est que l’emballement de la chair, le péché vous égare. En la faisant évader, ses anges gardiens avaient brûlé les chemins qui menaient à son passé. Il y avait au fond d’elle un continent perdu distillant une nostalgie puissante qui débordait sur le papier. Cet amour est une écharde, avait répondu Constance. Quand je crois l’oublier, il se rappelle douloureusement à moi. Violaine de Raezal se disait que s’il était un bonheur possible sur cette terre, on ne pouvait y accéder qu’en laissant mourir certaines choses en soi. Toutes ces choses lourdes et encombrantes qui étaient un grenier plein d’objets cassés et poussiéreux que l’on osait mettre au rebut, mais qui arrêtaient la lumière. Retrouvez Nathalie sur son blog
coup de coeur
La Part des flammes, un incendie révélateur d’une société
Solidement documenté et romanesque à souhait, ce roman est bien davantage que la relation d’un fait divers : l’incendie du bazar de la charité à Paris le 4 mai 1897.
coup de coeur
Une Merveille!!
Je viens de terminer « La part des flammes » et ça y est ça recommence, je suis en plein post-book depression. Quel énorme coup de cœur, quelle histoire, quelle écriture! Commençons par le début : Paris 1897, les femmes de la haute bourgeoisie ne sont obnubilées que par une seule chose : le Bazar de la Charité, grand évènement annuel dans lequel toutes les femmes de la haute société tueraient père et mère pour y participer et, sous couvert de vendre des babioles pour les nécessiteux, se montrent au grand public. A tel point que pour y tenir un stand c’est littéralement la croix et la bannière car la Marquise de Fontenilles fait allégrement barrage si un critère de sélection n’est pas respecté. C’est ainsi qu’au début du roman le lecteur fait connaissance avec Violaine de Raezal jeune veuve dont la réputation sulfureuse intriguera immédiatement. Elle vient quémander une place au bazar de la charité à la marquise. Celle-ci refuse et pour tenter d’entrer tout de même dans le Graal de la réputation pour une femme, Violaine rencontre une certaine duchesse d’Alençon, très active dans diverses œuvres caritatives, pour la suivre et prouver son investissement, premier critère semble-t-il pour accéder au Bazar. De son côté, Constance d’Estingel, jeune fille à peine sortie de son couvent où les bonnes sœurs ont fait son éducation, vient de rompre ses fiançailles avec Laszlo Nérac, jeune journaliste tombé complètement sous le charme de Constance lors d’un bal. Impossible de comprendre les raisons de cette rupture mais pour changer les idées trop religieuses de sa fille, les parents de Constance utilisent les liens d’amitié avec la marquise de Fontenilles pour la placer dans ce fameux bazar. Et c’est justement au même stand que les trois personnages vont se retrouver le fameux jour où…… le bazar de la charité prend feu sous les yeux horrifiés de tout Paris. Les femmes se transforment en torches vivantes, les hurlements, la peau brûlée…. Un des trois personnages va mourir et de l’eau delà, va tirer les ficelles de la suite du roman. Car, liées par ce drame épouvantables, la vie de ses femmes ne sera plus jamais la même. On est tout simplement transporté par l’histoire de Gaëlle Nohant. L’incendie, qui arrive dans les 100 premières pages alors qu’on commence à peine à connaître les 3 personnages, et un moment clé dans le roman qui nous transporte dans une grand moment de panique historique. On veut que tout le monde s’en sorte, on veut comprendre les raisons de la mort de l’une d’entre elles, on veut connaître le sort des autres et on veut comprendre le passé de chacune. Une Merveille! Ne passez pas à côté de cet immense roman!
coup de coeur
nuit blanche
D’une humanité brûlante
La part des flammes est un roman magnifique qui se déroule au 19e siècle. Il raconte les destins croisés de 3 femmes : une comtesse Violaine de Raezal, jeune veuve à la réputation sulfureuse qui n’arrive pas à se faire accepter par la haute aristocratie, une duchesse autrichienne Sophie d’Alençon dévouée à des œuvres de charité. Une jeune femme Constance d’Estengel élevée par les sœurs qui a un caractère bien trempé, et refuse un mariage avec l’homme qu’elle aime par crainte d’offenser dieu. Ces 3 femmes vont se retrouver pour tenir des comptoirs pour vendre au bazar de la charité pour récolter de l’argent pour les pauvres. La duchesse est la maîtresse d’œuvre de cette manifestation et elle va choisir les 2 jeunes femmes pour l’aider. Un incendie qui va se déclarer au bazar va bouleverser à jamais les destins des 3 femmes et de leur entourage. J’ai énormément apprécié ce roman, non seulement l’histoire est prenante mais en plus il y a une véritable réflexion sur la société de l’époque. Le poids des conventions sociales sur les femmes, avec le jugement de la société et de leurs pairs, la réflexion sur le mariage, la famille, la maternité, la passion. L’amour et ses contrariétés sont présents au fil du récit que ce soit pour la duchesse d’Alençon, Violaine qui a perdu son mari et qui est en froid avec son beau fils Armand et sa belle fille. Ou la jeune Constance qui est terrifiée par l’amour qu’elle éprouve pour Lazlo de Nerac. On voit aussi l’envers du décor de cette société avec les quartiers des tuberculeux, le sanatorium, la misère à l’état brut et les œuvres de charité. Ces œuvres qui sont un moyen de bien se faire voir et d’être accepter par la meute du faubourg saint Germain. La volonté de se donner bonne conscience ou de se réparer en se sacrifiant au service des pauvres comme le font Violaine et Sophie. La peur du déclassement, de perdre sa réputation est omniprésente. La jeune femme Constance représente l’hésitation entre le monde moderne comme on le connait où les femmes peuvent s’émanciper et l’héritage ancien avec la mise à l’index des femmes qui ne respectent pas la bienséance. On suit avec plaisir le destin de ces femmes grâce à la plume habile de l’auteur, on plonge tête baissée dans le 19e, ses rues parisiennes, ses bourgeois, ses aristocrates. Ca fait un moment que je n’avais pas ressenti cette immersion. On apprécie ces femmes coincées dans le carcan des conventions d’un autre siècle. Les jeux de pouvoir, des apparences sont très détaillés. J’ai aimé ce côté chronique sociale incarnée par des personnages ultra réalistes qui correspondent bien aux idées de l’époque. Ce plaisir des mots, ces phrases bien écrites, les belles références à Verlaine et le style si agréable de l’auteur. La description de l’incendie du bazar est impressionnante, l’affolement et l’horreur nous mettent au cœur de l’action et on ressent la peur et la chaleur comme les personnages. La force de l’écriture est spectaculaire et nous embarque totalement dans l’histoire. On ressent la morsure des flammes, mais aussi les ravages qu’elles vont provoquer chez les survivants, les témoins du drame. On côtoie aussi les balbutiements de la médecine, les relents du passé avec les duels, le poids de la religion et l’émergence de la modernité avec le cinématographe, le tramway qui marque un tournant dans le siècle. La réflexion sociale est aussi présente avec la présence de la description du monde des domestiques, du journalisme. Il y a aussi une réflexion sur la vision de la femme et sa place à l’époque dans la société, sur son éducation qui est très intéressante. Ces femmes qui sont comme emmurées vivantes, prisonnière de leurs haute position sociale, de leur éducation et qui ne savent comment s’en sortir. La vision de la médecine et notamment des aliénistes fait froid dans le dos. La vision de l’hystérie et de l’enfermement des femmes pour les rendre dociles sont très intéressantes. Le machisme de la société est bien retranscrit dans le récit. On se retrouve dans ces destins de femmes à qui on a coupés les ailes et qui se battent à contre courant. Les personnages secondaires même ceux qui sont moins sympathiques comme Armand, la marquise de Fontenille ont leurs failles et leurs blessures derrière leur paravent de bonne éducation. Cette galerie de personnage secondaire fait qu’on adhère complètement à l’univers romanesque comme chez Balzac avec toutes les strates de la société. . On apprécie le combat de Lazlo jeune homme noble contre l’arrogance des riches, qui veut devoir son mérite à sa plume ; rendre objectivement compte des faits et des hypocrisies de l’époque et ne rien devoir à son père et à son nom. Personnage attachant pris entre le passé de son nom et l’avenir sa carrière de journaliste, fou d’amour pour Constance et qui au gré des circonstances va évoluer et devenir de plus en plus humain. Les médias à la botte des convenances et des politiques, ce monde d’hypocrisie avide de détails sordide sur l’incendie n’est pas sans rappeler les médias aujourd’hui. On aime l’américaine Mme Holgart qui amène un grain de folie et qui devient la confidente de Violaine, c’est aussi un roman sur l’amitié entre femmes. Mais aussi des amitiés en dehors des classes comme celle qui lie Violaine au cochet de la duchesse Joseph. Le cœur bat à mille à l’heure, on tremble, on est émue, on s’indigne et on passe un merveilleux moment en lisant ce roman. Les personnages sont touchants, grandissent et évoluent et on est émue par leur humanité dessiné par la plume de l’auteur. Je suis devenue une lectrice grâce au roman d’Alexandre Dumas au collège les 3 mousquetaires et l’autre roman qui a chamboulé ma vision de la littérature a été le dernier jour d’un condamné d’Hugo et j’ai retrouvé ce souffle, ce transport dans ce livre que je n’avais pas eu depuis longtemps pour ce genre de roman. Donc n’hésitez pas et ouvrez la part des flammes, plongez dans ce 19e siècle flamboyant et découvrez ces destins bouleversés par le feu, leurs angoisses, leurs doutes, leurs joies et leurs reconstructions. Ces destins profondément humains vous toucheront en plein cœur. |
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