La critique invitée
Claire Devarrieux (Libération)
a aimé « Incandescences » de Ron Rash (Grasset)
« C’est toujours avec plaisir que j’aborde les fictions de Ron Rash. Je sais qu’il va y avoir beaucoup de mélancolie, et même de noirceur, mais il instille constamment la dose de délicatesse qui rédime tout. Cette fois, ce sont des nouvelles, «Incandescences». A cause de la quatrième de couverture, qui évoque «des portraits de désespoir rural», j’ai craint un pessimisme monochrome. Mais pas du tout. Il n’est pas juré que les pauvres gens, qui courent les rues, ne l’emporteront pas au paradis. Il n’y a rien de systématique. La sexagénaire amoureuse d’un pyromane, la jeune mère qui voit débarquer un homme armé de mauvaises intentions, vont-elles rester sans se défendre? Et pourquoi une mauvaise action devrait-elle toujours être sanctionnée? Ron Rash n’est pas un romancier américain comme les autres. Je ne sais pas pourquoi ce poète a décidé de camper aux franges de la littérature en compagnie des déracinés, des marginaux, des drogués, des miséreux. Peut-être parce qu’il est à son aise dans la nature, il me fait penser aux westerns, au cow boy tireur d’élite qui va sortir un harmonica de sa poche de chemise. »
Propos recueillis par Pascale Frey
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