Anna n’a plus rien de beau ni de doux dans son univers. Petite fille rose et parfumée qui dormait dans des draps propres et mangeait à sa faim, elle est devenue en quelques semaines une enfant craintive, recouverte de vermine et solitaire. Nous sommes en 1943 et Anne Wajimsky, juive de Pologne, se cache dans la famille Poulou. Des gens simples, fermiers en Haute-Loire chez qui le quotidien est rude : corvées multiples, absence d’hygiène , nourriture peu copieuse, en tout cas pour elle, et toujours le silence qui à, certains moments, semble ensevelir la fillette. Celle-ci entrouvre alors la porte de ses souvenirs pour atténuer l’absence. Dans ce contexte angoissant – les Allemands ne sont jamais très loin – une seule personne tendra la main à la fillette pour la rassurer. Mademoiselle Tournon, l’institutrice perçoit la détresse de l’enfant et son potentiel, la poussant à étudier. Entre découvertes de la campagne et craintes pour sa famille, Anna grandit, plus forte, plus indépendante. A la Libération, les Poulou lui manqueront d’une façon étonnante, tout comme la vache Armande et bien entendu sa chère institutrice. Dans ce texte tout en finesse et en retenue, Carole Zalberg raconte l’histoire de sa propre mère. Pour ne jamais oublier le désarroi des enfants pourchassés par la horde nazie, ni ces hommes et ces femmes, qui malgré leurs défauts, risquèrent gros pour les cacher. 3.328 Justes, c’est leur nom, ont su ainsi faire preuve en France d’humanité et de courage.