Après « Beignets de tomates vertes » et « Miss Alabama et ses petits secrets », Fannie Flagg nous offre une comédie tendre portée par des personnages féminins pétillants.
Sookie Poole, dévouée à son mari et à ses quatre enfants, coulerait des jours heureux en Alabama si elle n’était affublée d’une mère redoutable. Lenore Simmons Krackenberry, 88 ans « le verbe haut et les idées bien arrêtées » assomme l’existence de ses proches : les siens dont sa fille qu’elle noie de ses conseils et remarques, les auxiliaires de vie qui défilent, lassées de ses excentricités.
Ce petit train-train aurait perduré si un matin, un mystérieux correspondant n’avait joint Sookie pour la prévenir de l’arrivée imminente d’un recommandé. Avant de raccrocher, l’homme précise : « Vous n’êtes pas la personne que vous croyez être ». Effectivement, le courrier va bouleverser la vie de Sookie, remettant en cause son identité.
A ce récit est enchâssée une autre histoire, celle des Jurdabralinski, émigrés polonais, installés dans le Wisconsin depuis le début du 20e siècle : un fils, quatre filles, toutes plus pétulantes et vives les unes que les autres. Entraînées par l’aînée, la très solaire Fritzi, les sœurs Jurdabralinski prennent en main, dès la mobilisation en décembre 1941, la station-service familiale avant d’intégrer le WASP (Women AirForce Service Pilots) corps de femmes pilotes de l’armée de l’air.
Quels liens existent entre la Sookie de 2005 et Fritzi et ses sœurs 66 ans plus tôt, c’est ce que dévoile « La dernière réunion des filles de la station-service ».
L’identité, l’hérédité, Fannie Flagg aurait pu aborder ces thèmes sur le mode de la gravité. Elle a choisi de les mettre en musique dans cette fiction émouvante et pleine d’humour. On rit beaucoup, on s’attendrit …
A 70 années d’écart, deux générations de femmes se répondent, des protagonistes comme l’auteur les affectionne : indépendantes, déterminées et courageuses dont certaines n’ont pas hésité à s’affranchir des conventions en intégrant cette unité d’aviatrices méconnue, créée en 1941, dissoute en 1944, reconnue en 1977 sous l’administration Carter avant d’être décorée en 2009 par le président Obama de la médaille d’or du Congrès.
Fannie Flagg trouve regrettable qu’il ait fallu tant de temps pour reconnaître ces pionnières de l’air, 1900 environ dont 38 périrent pendant le conflit. Elle leur rend ici un hommage ardent.