Un tout petit livre que j’ai mis, pourtant, un certain temps à lire. Je ne pouvais pas en lire plus de 4 à 5 pages par jour tant l’émotion me prenait à la gorge. A suivre la ponctuation, qui montre le désarroi de Lava, je me suis surprise à déclamer à haute voix les mots de Rémi David. Parlons-en de ces mots inventés, broyés, que l’on reconnait pourtant par leurs proximités avec leurs « synonymes » en bon français. Quelle douleur, quel désarroi à travers ces mots tronqués, ces phrases hachées, comme la vie de Lava.
Cette jeune femme instruite et intelligente ne peut sortir, je voudrais presque dire accoucher, de sa souffrance que par ce langage tripal. Elle ne sait dire autrement les faits. Raconter son père qui a abusé d’elle, son frère mort, sa passion pour le Lièvre qui tourne à la tiédeur. Et puis son corps, qui refuse le baba qui pousse en elle, comme si ce corps, trop tôt abusé, ne lui appartenait plus. La naissance du baba et… l’indicible. Lava est seule, terriblement, horriblement seule devant le mur des gens, les murs de la prison, ses propres murs qu’elle a érigées. Ce long monologue est une longue déchirure, une lente introspection.
Un livre qui, de prime abord, désoriente mais qui laisse une empreinte profonde dans mon ventre reptilien et mon esprit. Les mots inconnus, la ponctuation ont accentué mon écoute de Lava.