L'odeur du café
Dany Laferriere

La Bagnole
mai 2014
160 p.  12,90 €
 
 
 
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Petites choses de l’enfance

On dit que l’enfance, on la porte toujours en soi. C’est par là que tout commence : nos premières observations du monde, nos expérimentations, nos jeux, notre chambre, nos lectures, la bienveillance des parents et leurs colères parfois, les bancs de l’école, nos amitiés et inimitiés, les balbutiements de l’amour, les endroits qu’on a foulé des centaines de fois, des situations cocasses dans lesquelles on s’est trouvé, d’autres plus sombres qu’on aurait préféré ignorer, nos rêves jolis, nos peurs aussi… Adulte, des images, des couleurs, des parfums, des sensations, des goûts, des bruits nous reviennent par moments. Des souvenirs vaporeux. Des petits bouts à renconstituer. Certains nous font sourire, d’autres nous émeuvent. Penser à ce temps révolu fait du bien, nous donne du baume au coeur. L’enfance, c’est notre fondation, nos racines, notre « matière » comme le dit Marie Desplechin : « C’est la « matière » de l’homme. Tout ce qui constitue un homme ou une femme prend sa source dans l’enfance. On n’en finit jamais avec elle. »
Alors, pour garder en mémoire ces réminescences de l’enfance, fragiles et brumeuses, Dany Laferrière a couchées les siennes sur le papier. Il les a décrites comme il les recevait, par bribes. Ainsi, les paragraphes se forment les uns à la suite des autres sans véritable lien, ils arrivent en « cascade », par répercusions, par enchainements d’idées. Les images débarquent et les mots suivent : la maison, le bruit de la pluie, les rêves, la mort, les fourmis, le match, la bicyclette rouge, les filles, la fête, le bouquet, le sac de café, le déjeuner, la longue sieste, la tasse bleue, la chaise, la voiture noire, la poussière, les mangues, le déjeuner, la lettre, la clé…
Et le point de départ de ce récit, le repère, c’est un visage doux et cher, un sourire plein de bonté, un regard apaisant : sa grand-mère, Da. Il se revoit lui, un petit garçon de dix ans en 1964, « assis aux pieds de sa grand-mère sur la galerie ensoleillée » à Petit-Goâve, (près de Port-au-Prince) à Haïti.
Il raconte cet été-là, avec le vocabulaire simple et sincère de l’enfance. Il raconte Da, celle qu’il a tant aimé. L’odeur du café des Palmes qui se propageait sur la galerie et attirait les passants, la petite tasse couleur azur dans laquelle coulait ce merveilleux café que Da proposait gentiment. Il raconte Vava, la petite fille à la robe jaune qui faisait battre si fort son petit coeur. Il raconte ses fièvres, ses balades à bicyclette, la mort de son grand-père, le ciel et la mer, le temps qu’il passait à regarder les fourmis, la chaleur qui engourdissait les membres, la pluie raffraichissante, le vent qui faisait se soulever la poussière, ses tantes virevoltantes, le football, les nouvelles de sa mère, les voisins…
Quand on referme ce livre, on se souvient nous aussi de ces petites choses de l’enfance auxquelles on tient si fort. On se dit qu’il ne faut en aucun cas les laisser s’envoler. Ne jamais les oublier. Il y a tant de tendresse en elles.
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