La rédaction l'a lu
Le couple était presque parfaitTous les matins, de son train de banlieue qui l’emmène à Londres, Rachel regarde ce couple rayonnant à la fenêtre de leur maison, « un couple parfait, un couple d’or ». Elle les a prénommés Jason et Jess. Pour elle, ils incarnent le bonheur absolu. Rien à voir avec sa misérable existence brisée par l’alcool qui a fait sombrer son mariage. Lassé par ses cuites à répétition, Tom a fini par la laisser tomber pour épouser Anna avec laquelle il a eu une petite fille. Mais un jour Rachel n’en croit pas ses yeux. « Sa Jess » roucoule dans les bras d’un autre homme? Quelque temps plus tard, sa disparition s’étale en gros titres dans les journaux. Jess s’appelle en réalité Megan, vit avec Scott, son époux et sa vie ne ressemble pas à un conte de fées. Perdue dans les brumes de son alcoolisme, Rachel décide pourtant de partir à la recherche de la jeune femme car elle a le sentiment diffus de s’être trouvée dans les parages la soirée même où Megan s’est volatilisée. Difficile pourtant de mettre bout à bout ses souvenirs car ce soir-là elle était tellement ivre que sa mémoire se dérobe. Il lui semble être rentrée chez elle couverte de sang. Que s’est-il passé? Et qui est cette silhouette qui la poursuit dans ses cauchemars et qui la terrifie? Mue par la certitude que quelque chose d’effrayant s’est produit, Rachel ne lâche pas l’affaire, submergée par de multiples questions. Qui est vraiment Megan et où se trouve-t-elle ? Et Scott, est-il le mari éploré qu’il prétend être? Quant à Anna qui a pris sa place dans le nid conjugal est-elle une épouse et une mère idéales? Et Tom, son ex ? Paula Hawkins fait avec « La Fille du train » une entrée fracassante dans le monde du polar. Faux-semblants, apparences, mensonges et amnésie, ces thèmes chers au grand Alfred Hitchcock, Hawkins en joue et les mêle pour mitonner une intrigue explosive, d’une rare maîtrise. Pistes possibles, impasses, l’auteur en use pour balader son lecteur. Elle déploie son scénario au travers des trois récits de Rachel, Megan et Anna qui s’entrecroisent jusqu’au dénouement final. A mi-chemin entre le thriller pur et dur et le roman psychologique, « La fille du train » pose en fait cette question inquiétante: « Connaît-on vraiment celles et ceux qui nous entourent?
Les internautes l'ont lu
nuit blanche
thriller psychologique addictif
A force d’entendre ce livre encensé, je me suis laissée tenter pour me faire ma propre opinion. Je rejoins le clan de celles et ceux qui ont marché à fond et n’ont rien vu venir. Beaucoup en effet, lisant sans doute plus de thrillers que moi ont adoré la construction, l’addiction provoquée par le récit mais ont vu venir trop vite l’épilogue. C’est un premier roman pour Paula Hawkins qui est déjà dans la maîtrise du style. Peu de personnages : trois femmes mais beaucoup de profondeur et de psychologie. Rachel a 34 ans, elle est séparée de Tom depuis deux ans. Elle prend le train de 8h04 tous les matins. Ce train s’arrête systématiquement au même endroit chaque jour, à la hauteur du n° 23 Blenheim Road. Elle habitait au n°15 pendant cinq ans. Chaque jour, elle regarde par la fenêtre et observe le couple du 23, elle les imagine Jess et Jason, couple idéalisé et s’invente leur vie. Un matin elle est témoin d’un fait étrange. Megan (sa Jess imaginaire) a disparu, un avis de recherche est publié dans la presse. Rachel interviendra comme témoin et là commence un engrenage infernal. Détail important, Rachel est devenue alcoolique depuis la fin de son mariage, elle prend peu soin d’elle et va fourrer son nez dans une drôle d’histoire. Qu’est-ce que j’ai eu envie de la secouer notre anti-héroïne, de la raisonner, quelle naïve, quelle inconsciente. Megan la disparue, et Anna la nouvelle épouse de Tom sont les autres personnages centraux. C’est le « je » qui est utilisé pour chacune. Elles témoignent tour à tour, un peu sous la forme d’un journal. On fait des aller-retour dans le temps. Et petit à petit on va comprendre la psychologie de chacune, les pièces vont s’imbriquer et prendre forme. Le départ est lent à l’image de ce train de banlieue qui s’arrête toujours un instant à proximité du 23 mais une fois embarquée on ne peut plus s’arrêter tant cela devient addictif. Un vrai coup de maître pour l’auteur de se mettre dans la tête des trois protagonistes. Un thriller psychologique à trois voix mettant en scène des personnes ordinaires. La détresse de Rachel, la difficulté de se reconstruire en ayant sombré dans l’alcoolisme sont des thèmes du roman. Anna et Megan vous dévoileront également leur partie obscure, le tréfonds de leur âme, des personnages complexes changeants. Très beaux portraits féminins. Je comprends l’engouement pour ce bouquin. Steven Spielberg est également conquis car il adaptera ce best-seller au cinéma. Ma note : 8.5/10 Les jolies phrases La vie n’est pas un paragraphe et la mort n’est pas une parenthèse. Comme si je jouais à la vie au lieu de vivre pour de vrai. Les parents se fichent de tout, à part de leurs enfants. Ceux-ci sont pour eux le centre du monde, la seule chose qui compte vraiment. Plus personne d’autre n’a d’importance, ni la souffrance, ni le bonheur des autres, plus rien n’est réel. Les manques de ma vie seront éternels. Il faut grandir autour d’eux, comme des racines d’un arbre autour d’un bloc de béton ; on se façonne malgré les creux. Il faut que j’arrive au bout de mon histoire. Il faut que je la raconte à quelqu’un, juste une fois. Dire les mots à voix haute. Si ça ne sort pas de moi, ça finira par me dévorer de l’intérieur. Le vide en moi, celui qu’ils ont laissé, continuer de grandir et grandir encore jusqu’à me consumer entièrement. Je suis bien consciente qu’il n’existe pas travail plus important que d’élever un enfant, mais, le problème, c’est que ce n’est pas un travail valorisé. Retrouvez Nathalie sur son blog
on n'aurait pas dû
Grosse, très grosse déception
Vais-je me faire des ennemis, à l’heure où ce roman est encensé de tous côtés? Peut-être en attendais-je trop, à cause de tous ces avis justement? Peut-être deviens-je trop critique, à force de lire des thrillers? Toujours est-il que ce roman me laisse une impression mitigée. C’est un très bon page turner, je ne le nie pas, mais avec plusieurs (gros) bémols pour ma part. J’ai trouvé le début hyper laborieux, jusqu’à la disparition de Jess/Megan. On comprend bien que Rachel est complètement barrée, mais c’est long et lent, et cette impression est renforcée par la forme « journal intime qui n’en est pas un » (le récit étant rythmé par les dates et indications matin/soir) dans lequel Rachel ressasse -déjà- beaucoup. Sans les avis enthousiastes autour de moi, je pense que j’aurais sans doute stoppé là ma lecture. Mais ouf, les choses bougent enfin. L’impression se confirme : les deux nanas ont un sérieux problème, et la troisième voix qui apparaît, Anna, également. Cette narration à trois voix est intéressante, d’autant plus que les chapitres racontés par Megan sont antérieurs à l’histoire principale, qu’ils rattrapent petit à petit, entretenant la tension. Et l’alternance de matin/soir crée également une narration originale, via les ellipses qu’elle permet. Oui mais… Dès le milieu du roman, j’avais les réponses à toutes mes questions ou presque : qui, quand, pourquoi et (presque) comment. Sans compter des aspects annexes qui, sincèrement, n’avaient plus rien de mystérieux pour moi quand est venue l’heure de la pseudo-révélation. Les ficelles étaient trop grosses, les sabots faisaient trop de bruit, ne manquaient que des enseignes clignotantes en forme de flèches. Vraiment, aucune surprise. Alors oui, les pages se tournent toutes seules, ne serait-ce que pour vérifier que je ne m’étais pas trompée (il restait un espoir d’avoir été promenée pendant ces quelques dizaines de pages, mais en fait non). Oui, la paranoïa monte, on cherche avec Rachel à décrypter ses souvenirs, ces blancs laissés par l’alcool. Mais je l’ai trouvée un peu trop caricaturale, trop loin dans sa façon d’inventer totalement la vie de parfaits inconnus pour s’y immiscer ensuite (et je ne vous parle même pas de l’envie dévorante de la secouer comme un pommier : elle est finalement trop pathétique pour que j’apprécie ce personnage). Enfin, il y a, je me répète, des moments où la narration en « je » ne fonctionne tout simplement pas pour moi, je suis désolée d’avoir à insister, et où elle me provoque une sorte de bruit de ballon qui se dégonfle (pfiuuuut) dans mon petit crâne, à mon grand énervement. Terminer une lecture sur cette impression n’aide pas à émettre un avis positif, malheureusement. Du bon et du moins bon, donc, dans ce roman. Une histoire prenante (une fois passées les 60 premières pages bien trop lentes à mon goût), des héroïnes tellement jetées qu’elles en deviennent horripilantes (et là réside une partie de l’intérêt de la chose), Un petit côté « Les apparences » dans l’idée qu’on ne connaît jamais vraiment une personne et que les masques finissent toujours par tomber (mais en moins bon et moins maîtrisé, nettement). Un petit côté dérangeant pointant nos tendances au voyeurisme (qui n’a jamais imaginé ce qui se passe de l’autre côté de ces fenêtres éclairées, en rentrant du travail, le soir?). Mais une intrigue bien trop prévisible pour justifier, selon moi, ce titre de thriller exceptionnel que nous vend la quatrième de couverture. Un bon moment, sans plus. |
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