critique de "La Végétarienne", dernier livre de Han KANG - onlalu
   
 
 
 
 

La Végétarienne
Han KANG

traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot
Le Livre de Poche

216 p.  7,40 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

« je n’avais jamais considéré ma femme comme quelqu’un de particulier… »

Ce roman est troublant à bien des égards. Le titre est trompeur pour qui ne s’attendrait qu’à une fable autour de la nourriture (et aux méfaits de la viande). « Avant qu’elle ne commençât son régime végétarien, je n’avais jamais considéré ma femme comme quelqu’un de particulier (…). Si je l’avais épousée, bien qu’elle fût dépourvue de tout charme remarquable, c’était parce qu’elle n’avait pas non plus de défaut notable. » Celui qui s’exprime avec froideur est le mari de Yõnghye qui, à la suite de cauchemars, décide d’arrêter de manger et cuisiner de la viande. Puis… d’arrêter de se nourrir, provoquant des réactions en chaîne dans son entourage. Intrigués, agacés, inquiets puis alarmés, ses proches assistent au malaise croissant de la jeune femme. Incompréhension et énervement alternent, rejet violent de ce qu’ils ne comprennent pas avant de prendre des mesures radicales… parents et mari de Yõnghye ne savent que faire. La jeune femme, elle, semble dévorée de l’intérieur par les visions qui l’assaillent chaque nuit, puis de plus en plus fréquemment.

Trois parties scandent cette fiction à nulle autre pareil. « La Végétarienne » se termine par l’hospitalisation de Yõnghye. Dans « La tache mongolique », il est question d’une expression artistique qui confine au malsain, de corps manipulés autant que peints, de désirs sexuels et de mensonges. La troisième partie « Les flammes des arbres » déroute pareillement. Les personnages sont les mêmes, les points de vue alternent, la perception que le lecteur a de cette histoire étrange, dérangeante, change au cours de ces trois parties, notamment en s’attachant à suivre les réflexions d’Inhye, la sÅ“ur de la végétarienne. Ce texte, qui célèbre également le retour du Serpent à Plumes après une (trop) longue période sans publication, est une expérience de lecture des plus saisissante tant ce que vous croyez avoir compris en entrant dans ce livre vous quitte en chemin.

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