Primo Levi
Pocket
doc recit essai
octobre 1988
213 p.  6,50 €
 
 
 
Charlotte Delbo
Editions de Minuit
documents
mars 1970
182 p.  9,70 €
ebook avec DRM 6,99 €
 
 
 
Raul Hilberg
Folio
folio histoire
septembre 2006
720 p.  12,90 €
 
 
 

Memorial de la Shoah Librairie

 illustration Brigitte Lannaud Levy 

Le 7 et 8 juin prochain aura lieu, et c’est un événement, la première édition du Salon du livre du Mémorial de la Shoah : « Le Livre pour TEMOIN ». Textes sortis de l’oubli, récits de vie et de survie, œuvres littéraires, autant de livres indispensables à la compréhension de la Shoah et à la transmission de la mémoire. Ce salon investit les espaces du Mémorial où vous pourrez suivre des rencontres et des animations avec des auteurs, des dessinateurs, des comédiens, des musiciens autour d’ouvrages récemment parus. Le parvis se transformera à cette occasion en librairie à ciel ouvert. Une opportunité exceptionnelle pour découvrir, si vous ne le connaissez déjà, ce haut-lieu de la mémoire et du recueillement, dans la vibration de belles rencontres. Vous trouverez tout le programme de ces deux journées sur le site du Mémorial.

Revenons à la librairie du Mémorial, elle est des plus singulières.  On ne pousse pas sa porte comme cela. Vous passez rue du pont Louis Philippe, vous remarquez ces larges vitrines sur la rue et ne savez pas comment entrer. Normal, il vous faudra contourner le bâtiment, aller rue Geoffroy L’Asnier, passer par les portiques de sécurité, avant de franchir le seuil de ce vaste et superbe espace. Un parcours qui s’impose hélas pour des raisons évidentes de protection. Triste nécessité de devoir encore sécuriser aujourd’hui  ce lieu de mémoire, ce que déplore Gilbert Siboni, son libraire. Il est à l’origine de  la création de la librairie (à la demande de Jacques Fredj directeur du Mémorial de la Shoah), un lieu unique et rare qui mérite plus que le détour.

Ici le rapport au temps de l’édition est différent. Gilbert Siboni s’attache à défaire le mouvement, casser le rythme du commerce où un livre chasse l’autre, pour que les livres fondamentaux restent vivants. Il se bat contre l’éphémère autant que contre les effets de mode. Autant vous dire que les ouvrages de qualité trouvent une place de choix sur ses tables et pour longtemps. Cet homme investi, exigeant et passionné nous livre avec cœur ses précieux conseils de lecture.

Le livre que vous défendez avec ferveur depuis toujours, le plus emblématique de votre librairie.
Très difficile de répondre à cette question, mais disons qu’il y a des livres piliers pour notre librairie et j’en citerai cinq qui s’imposent mais je devrais en citer bien d’autres : « Si c’est un homme » de Primo Levi, « Aucun de nous ne reviendra » de Charlotte Delbo, « La nuit » d’Elie Wiesel et dans le registre de l’histoire, l’incontournable travail de Raul Hilberg  « La destruction des juifs d’Europe ».

Le roman de l’année dernière que vous continuez à défendre avec cœur
« Le journal de la chute » de l’auteur brésilien Michel Laub (Buchet/Chastel). Un livre puissant qui interroge sur la transmission et sur le souvenir enfoui qui peut devenir une prison. Construit comme un journal fait de bribes et de fragments entre le témoignage d’un grand-père torturé par le souvenir de son expérience concentrationnaire et celui de son petit fils qui tente de reconstruire son présent. Un texte à forte puissance émotionnelle.

Le livre à qui vous auriez donné un prix l’automne dernier :
Selon moi, s’il y avait un prix à remettre c’est celui d’un livre venu de nulle part, soutenu par aucun réseau et qui offre des résultats commerciaux inespérés. 
Pour ma part, je couronnerais la réédition du chef-d’œuvre de la littérature yiddish, « À pas aveugle de par le monde » de Leïb Rochman admirablement traduit par Rachel Ertel. Texte essentiel qu’aborde Catherine Coquio dans son remarquable ouvrage « La littérature en suspens » (l’Arachnéen)  dans un  chapitre intitulé « La Bibliothèque de la Catastrophe »

Le livre du moment que vous soutenez
« La Charrue de feu » de Eli Chekthtman (Buchet/Chastel) qui offre une très belle vision du prémonitoire autour d’une famille que l’on suit d’Ukraine jusqu’en Union Soviétique pendant les pogroms. 

Une brève de la librairie
J’ai toujours été bouleversé par les témoins qui deviennent des auteurs. Je leur porte une profonde estime et un respect infini.  Car solliciter leur témoignage est autant un bien qu’un mal pour eux, en ce que cela peut les déstabiliser intimement dans la vision qu’ils ont d’eux-même. À ce titre je pense à ceux qui ont rencontré une réussite avérée sur ce chemin de la transmission : Marceline Loridan Ivens, Henri Borlant ou Ida Ginspan ; et que tous ceux que je ne peux pas citer me pardonnent, mais ils sont présents dans la librairie comme autant de gardiens incontournables de notre histoire.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy

Visitez Les autres librairies invitées

Librairie du Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy L’Asnier
75004 Paris

 
 
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