Après Glenn Gould, on n’a plus jamais écouté Bach de la même manière. Le pianiste canadien a effectué deux enregistrements inoubliables des « Variations Goldberg », l’un en 1955 et l’autre près de trente ans plus tard, en 1981. De lui, on connaît surtout les disques, puisque très peu de personnes finalement peuvent se vanter de l’avoir vu jouer en concert. Il a arrêté de se produire en public en 1964, et il consacrera le reste de sa vie (il mourra à cinquante ans d’un AVC, en 1982) aux enregistrements.
C’est un personnage mystérieux, attachant, fragile qui a fasciné Sandrine Revel et on la comprend. Avec « Une vie à contretemps », elle ne signe pas une biographie classique, ni un roman graphique traditionnel, mais un peu des deux en racontant, en images, la vie de ce drôle de génie. Elle essaye de comprendre quelle personnalité se cachait derrière la façade excentrique, comment sont nés le fameux tabouret et la posture couchée sur le clavier, elle tente d’expliquer ce refus de la scène en pleine gloire. Il y a des anecdotes authentiques, d’autres peut-être imaginaires, mais en tout cas beaucoup de poésie et de musique dans ces planches.