« Le chef ne doit pas seulement faire jouer son orchestre ; il faut qu’il lui donne envie de jouer… Il s’agit moins d’imposer sa volonté comme un dictateur que de projeter ses émotions autour de lui afin qu’elles puissent atteindre le plus éloigné des seconds violons. Et quand cela arrive -quand cent personnes partagent ses émotions, exactement, simultanément, réagissant à chaque respiration de la musique, à chaque point d’arrivée et de départ, à son moindre frémissement intérieur- alors il existe une identité d’émotions qui n’a d’équivalent nulle part. C’est, à ma connaissance, la chose qui se rapproche le plus de l’amour lui-même »
Si vous êtes mélomane (pas besoin de grandes connaissances, Bernstein est aussi un pédagogue hors-pair) n’hésitez pas et lancez-vous dans cette lecture passionnante !
20 Novembre 1989, Jonathan Cott a décroché de haute lutte une interview auprès du maestro. Celui-ci le reçoit dans sa maison du Connecticut (une ferme de 1750) dans l’après-midi ; l’entrevue durera jusqu’au milieu de la nuit…
Chef d’orchestre, compositeur, pianiste, écrivain, éducateur, conférencier, animateur de télé, militant pour la paix et les droits de l’homme, Leonard Bernstein était sa propre « Gesamtkunstwerk » -le terme employé par Richard Wagner pour décrire l’oeuvre d’art totale. Au début de sa carrière, il déclarait au New York Times : « Je ne veux pas passer ma carrière comme Toscanini à étudier et réétudier les mêmes cinquante oeuvres. J’en mourrais d’ennui. Je veux diriger. Je veux jouer du piano. Je veux écrire des livres et de la poésie. Et je crois pouvoir rendre justice à toutes ces activités «
Quel appétit de vie , voire boulimie !
Une personnalité solaire et charismatique, un talent effectivement protéiforme (non, il n’est pas que le génial compositeur de « West Side Story » ) Leonard Bernstein est définitivement sexy, body and soul…
Il se trouve que ce diable d’homme fut le professeur de « mon » chef d’orchestre le merveilleux Yutaka Sado qui présida aux destinées de l’Orchestre Lamoureux de 1993 à 2011 . Il ne pouvait en parler sans que se craquelle son apparente zénitude asiatique; des années après, il était ému dès qu’il convoquait son souvenir…Nous avons joué et enregistré beaucoup de Bernstein dans ces années là. Un grand bonheur.
Et maintenant, musique Maestro !