Cher Léo Martin,
Je suis très heureuse de vous retrouver dans de nouvelles aventures, moi qui vous ai connu grâce à un tango. Maintenant, nous passons au boléro que vous écoutiez avec Tania. Quoi, Luisa et vous c’est terminé ?? Tania, la sensuelle putain est entrée dans votre vie et… vous êtes tombé en amour, mais bon, il y a aussi Raquelita « Cette fille, elle me fout des frissons, et la trique. »
Je ne suis pas ici pour parler de votre vie privée, quoique vous en fassiez étalage très facilement et qu’elle est intimement mêlée au crime que vous devez élucider. Toujours prêt à soulever une bouteille de rhum quelle que soit sa qualité, toujours prêt à remuer la fange de votre quartier pour débusquer le ou les coupables, toujours à user de votre lyrisme pour nous parler des femmes ou des putains de votre quartier. Et puis y a Fela votre mère, à la santé si fragile, votre colonne vertébrale, votre sécurité. Cette mère, es-maître du système débrouille, avec des créations culinaires à faire pâlir un maître queux « Depuis que la période spéciale a commencé, ma mère ne pense qu’aux stratagèmes auxquels elle doit recourir pour mettre quelque chose sur la table. Elle a déjà expérimenté un tas de recettes alternatives – du hachis de peaux de bananes, des écorces de pomelo panées aux allures d’escalopes. Tous les deux jours, avec un stoïcisme olympien, elle fait la queue devant la rudimentaire presse à hamburger pour pouvoir, carte d’identité en main, acheter des steaks hachés à base de soja, de sang de taureau et de viande maigre »
El Condado, votre quartier est très « vivant », tant que l’on ne reçoit pas un coup de surin ou que l’on ne se fasse pas écraser la tête avec un marteau de cordonnier. Comme dans les petits bleds de campagne, tout le monde sait tout ou n’importe quoi et diffuse des informations parcellaires. Chago le Bœuf, cordonnier de son état, oui, le marteau vient de son échoppe, est passé maître dans cet art de la divulgation à énigmes.
« Ma vérité devient finalement la vérité ». Une petite pichenette à toutes les magouilles qui cernent votre vie.
Vous retrouverai-je un jour au détour d’une page ?
Quel plaisir de retrouver Lorenzo Lunar ! Son lyrisme lorsqu’il parle des femmes. Son amour pour ce quartier, sa plume qui glisse sur l’arc-en-ciel du lyrisme avec l’ironie qui lui sied, sait être crue, très vivante, émouvante, violente comme son pays. Il dépeint les petits et grands travers des cubains, le système politique (Le sauvetage des toties est un petit moment d’anthologie politique.)
Plus qu’un polar, surtout ne pas oublier l’intrigue, c’est un roman social noir. Noir de la misère quotidienne des habitants de ce quartier, surtout en cette « période spéciale » http://cubanismo.net/cms/fr/articles/histoire-de-cuba-9-la-p-riode-sp-ciale-1990 où la prostitution règne, où le système D est omniprésent, les magouilles quotidiennes. Lorenzo Lunar, comme Elisabeth Alexandrova-Zorina avec « Un homme de peu » et la Russie actuelle, nous offre une vue plongeante et sans concession sur la vie et les mœurs de son pays.
Merci à Babelio et son opération masse critique qui m’ont permis de retrouver, avec un grand plaisir, une nouvelle enquête de Léo Martin
Les Editions Asphalte, m’ont régalée avec « La vie est un tango » de ce même auteur et « Avaler du sable » d’Antonio Xerxenesky, un western tout aussi déjanté. Une maison d’édition à suivre !
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