Bon, soyons clair, franc et honnête dès le départ : autant je suis fan du chanteur, autant l’écrivain (et l’homme qui se cache, pas tant que ça, derrière) me laisse de marbre, pour rester poli.
De « Je m’voyais déjà » à « Hier encore » en passant par « Emmenez-moi », « La bohème » (dont la reprise par Kendji Girac, au passage et même si cela est sans rapport avec le livre mais j’avais besoin de le dire et de l’écrire, et qui ferait mieux de reprendre du Enrico Macias, doit le faire se retourner par avance dans le cercueil qu’il n’occupe pas encore), « Comme ils disent » ou « Le temps », la discographie de Charles Aznavour est jalonnée de titres que je fredonnais adolescent et que je continue à fredonner ou écouter avec plaisir.
« Tant que battra mon cœur » est malheureusement un condensé de fausse modestie et de digressions inintéressantes. En précisant à chaque fois, et Dieu sait que les occasions sont nombreuses, qu’il se jette des fleurs qu’il sait rester humble et qu’il le fait en toute modestie à l’aune de ses, tout de même, 89 ans, il renvoie l’image totalement inverse. Son âge l’autorise-t-il cela ? Je laisse à d’autres le soin d’argumenter en sens inverse mais je ne suis pas convaincu. Sans parler d’un certain recul qu’il tente d’insuffler à ses propos qui finissent par passer pour un dédain certain, notamment toutes les fois où il se contente de dire que les critiques ont tort (surtout en ce qui concerne ses déboires fiscaux de tous ordres) sans argumenter, en précisant bien qu’il ne s’est jamais abaissé à faire des procès.
Alors, il y a bien quelques moments de poésie, quelques anecdotes flamboyantes ou amusantes mais elles ne suffisent pas à sauver l’ensemble du livre d’une certaine torpeur qui envahit petit le lecteur que je suis.