Simon rentre chez lui et trouve un inconnu, mort, dans son salon. La balustrade de la mezzanine est en miettes, l’homme a donc chuté du premier étage. C’est Diane, la femme de Simon, qui l’a poussé. Questions : que faisait-il là-haut avec elle ? Et pourquoi l’a-t-elle poussé ? Mais Diane n’a pas envie de répondre. D’ailleurs elle sort, et quitte Simon. En laissant le cadavre au salon.
Alors on va dire : c’est un polar. Et en effet, tous les ingrédients du roman noir sont rassemblés ici. On ne sait pas qui est cet inconnu et on se demande ce que Simon va faire du corps. On ne sait pas non plus où Diane s’est enfuie et lorsqu’un gendarme, personnage aussi affable qu’inquiétant, entre en scène, on s’affole.
Mais le livre est de Christian Oster, l’un des plus fins stylistes qui soit. Le voilà donc en train de nous embobiner dans un vrai-faux roman noir, détournant les codes du genre avec un évident plaisir. Oster nous promène de situations absurdes en rencontres inattendues, alors que Simon et Henri, le gendarme, se jaugent, se découvrent et deviennent inséparables, dans un récit précisément construit et plein d’un humour grinçant. Toujours sur le fil, le texte pourrait basculer sans cesse dans l’ennui si un autre tenait la plume, mais Oster nous conduit dans son labyrinthe, et on n’a plus envie d’en sortir. D’autant que le brillant exercice littéraire recouvre quelque chose de douloureux, qui parfois affleure et toujours nous émeut. L’histoire de Simon et de sa vie qui désormais est derrière lui, des enfants qu’il n’a pas eus et de sa femme qui l’a quitté.