EXTRASYSTOLES
Carole Anne Eschenazi

cent mille milliards
nouvelles
juin 2015
184 p.
 
 
 
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Belle surprise

Extrasystole, contraction anormale du cœur, m’apprend le dictionnaire. Le cœur va souffrir et nous avec ? Dès la première nouvelle, le ton est donné. Amour, solitude, névrose, haine, cynisme, désespoir, laideur, égoïsme… La mort rôde autour de certains, la vie renait pour d’autres. Carole-Anne Eschenazi ne cherche pas à nous rendre sympathiques ses personnages, mais elle sait les rendre vivants (tant qu’ils ne sont pas morts aurait dit Lapalisse). Elle adapte son écriture à chaque nouvelle, à chaque « héros ».
Il y a du cru, du direct « Anthony est partageur. Quand il baise une nana, il aime bien la refiler ensuite à son meilleur pote. Ou, encore plus scabreux, à son propre père ».
Du romantique : « Je ne pense qu’à vous. Tout le temps, la nuit, la journée, en cours, chez moi, dans la rue. Je vous vois tout le temps en train de jouer du piano. Ça me monte dans la tête, j’ai l’impression d’étouffer. Vous êtes la seule à qui pense. Et puis… enfin… voilà, je vous aime. »
Du mélancolique : « En soi, Jeff n’est pas spécialement pour la clope, ou pour la biture, mais c’est vrai qu’il est un peu nostalgique de ces soirées où le monde pouvait être refait, arrondi, adouci, dans les volutes des gitanes et la chaude couleur du whisky. Cela avait un côté feu de camp originel, quelque chose d’un peu archaïque et de fondamentalement viril. »

De la Madeleine sans Proust, de la tambouille à la sauce gribiche, de la cuisine à 0% saignante. Il arrive même que ce soit mathématique ou pathétique. Par bonheur, il y a une violette qui a une madeleine. Chaque nouvelle a sa propre dynamique, la fin est inattendue, bonne ou mauvaise, violente ou tendre. J’ai aimé voir le personnage d’une nouvelle venir faire le lien avec une autre histoire, cela donne encore plus de corps.

Les personnages sont à vifs, cabossés, coupés dans leur élan (au propre pour certains et au figuré). Aucun ne sort indemne de la plume de Carole-Anne Eschenazi qui mitonne ses nouvelles aux petits oignons

Quand je vous dis ; les « petites » maisons d’éditions ont tout d’une grande. Je vous en apporte encore la preuve avec ce livre. En regardant la couverture, très élégante et minimaliste comme je les aime, j’ai appris une chose, Cent Mille milliards est égal à 10 puissance14

Une bonne surprise.

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