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coup de coeur
La maison clou
« Rappelle-toi, ma chérie : c’est par les racines qu’on tient, c’est à travers elle qu’on dure et qu’on endure… Celui qui les a poussées loin, jamais ne sera arraché! » Dans la province de Liaoning, au nord-est de la Chine, se trouve le misérable quartier de Shenyang dans lequel vivent encore ici et là quelques familles, entourées de ruines d’usines et autres hangars désaffectés. Alentour, tout est gris, triste et froid. La désolation. La plupart des habitants ont fui en quête d’une vie meilleure mais la famille Zhang, elle, est restée. Des irréductibles, des indomptables. Des amoureux de leur terre et surtout de leur arbre à laque. Ils sont cinq : Wei le père, Yun la mère, leur fille et les grands-parents maternels. Ils vivent dans une petite maison d’une seule pièce, serrés les uns contre les autres. Wei, ancien ouvrier est au chômage. Il descend parfois au fond de la mine pour ramener du charbon, à ses risques et périls. Au fil des années, lui et sa femme ont économisé de l’argent sur leur maigre revenu, dans l’espoir un jour de devenir propriétaires. Cette maison familiale est d’autant plus importante aux yeux de Wei qu’au pied de l’arbre centenaire gît la sépulture de ses parents. Ses racines, comme ceux de son arbre sont ici et nulle part ailleurs. Malgré sa vieillesse, ses branches mortes, sa fragilité, l’arbre est toujours là. À sa place. Il est loin le temps où ses feuilles resplendissaient, où s’écoulait de son écorce la sève si précieuse. Aujourd’hui, on veut l’abattre, le réduire à néant. Lui qui a amené tant de prospérité et de bonheur. Seul contre tous, Wei a toujours refusé que quiconque touche de sa hache son arbre. |
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