La rédaction l'a lu
Le calame est un stylet, confectionné à partir d’une tige de roseau patiemment taillée. Les enfants afghans l’utilisent pour écrire sur leurs ardoises, en le trempant dans de la craie liquide. Un jour, Sophie de Sivry, directrice des éditions de L’Iconoclaste, a demandé à Atiq Rahimi d’écrire une autobiographique, plus précisément d’écrire sur son expérience de l’exil. Alors qu’il ne savait pas comment débuter ce livre, plongé dans le désarroi, l’auteur de Syngué sabour emplissait sa feuille de dessins, d’arabesques, de calligraphies. En traçant un « alef », la lettre « a » de l’alphabet arabe, Atiq Rahimi a retrouvé la sensation physique de l’apprentissage de l’écriture, et a ouvert une porte vers lui-même. Ainsi ce nouveau livre s’est-il construit, en forme de portrait intime, fait de souvenirs et d’interrogations. Il revient sur son enfance, explore les secrets de l’alphabet arabe et de la langue persane, réfléchit à la place de l’écriture dans les religions du livre, parle des différentes civilisations qui ont fondé son pays natal. De recherches en recherches, d’énigmes en découvertes, de contes en légendes, Atiq Rahimi nous emporte dans son univers, glissant au fil des pages des mots calligraphiés et surtout des « callimorphies », terme qu’il a inventé pour désigner les étranges dessins à l’encre qu’il signe, dessins de corps à peine ébauchés, nés de la forme d’une lettre, croisement entre la calligraphie arabe, chinoise, et l’art occidental. Atiq Rahimi part ainsi à la recherche de ce qui l’a constitué. Réfléchir sur la place sacrée de l’écriture dans la civilisation arabo-musulmane le conduit à parler de l’importance de l’écriture en lui. Le livre avance comme un jeu de piste, un chemin plein de méandres, jalonné de quelques événements qui ont marqué son existence. L’arrestation de son père en 1973, son départ pour l’Inde en 1978, pour la France dans les années 80 et son retour en 2002 à Kaboul. Lire notre interview de Atiq Rahimi ici |
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