Âmes sensibles s’abstenir ! Le nouveau thriller de Karine Giébel est sanglant, étouffant, oppressant. Il n’est donc pas fait pour les admirateurs d’Agatha Christie et autres polars délicats, mais plutôt pour les amateurs de romans très noirs, pour tous ceux qui veulent trembler en tournant les pages. On vous aura prévenu ! Un casse place Vendôme tourne mal. Une passante meurt, un policier reçoit une balle. Un des malfrats, William, le jeune frère de Raphaël, le chef de bande, est lui-aussi grièvement blessé. Il faut s’enfuir, vite, trouver une planque, la plus isolée qui soit, et un médecin. Essayer de se faire oublier malgré les trois millions de bijoux dérobés. Une vétérinaire sera choisie au hasard et sa maison réquisitionnée. Impossible d’en raconter davantage : sachez seulement que rien ne se passera comme vous ne l’imaginez. Entre deux scènes terribles, Karine Giébel réussit pourtant à nous parler des liens qui unissent les protagonistes : fraternel pour les uns, équivoque pour les autres. C’est d’ailleurs l’une des qualités de ce livre : l’auteure ne perd jamais de vue l’humanité de ses personnages, même les plus ignobles. Si elle ne les excuse jamais, elle tâche, à sa manière, de nous faire comprendre comment ils en sont arrivés là. On sort de ce roman exsangue, fourbu, avec la furieuse envie de s’extirper de ce huis-clos, d’aller prendre l’air. Tout en sachant que ce « Purgatoire des Innocents » ne nous lâchera pas de sitôt…