illustration Brigitte Lannaud Levy
Baptisée du titre du célèbre roman d’Émile Ajar (Romain Gary), cette librairie nantaise vient tout juste d’être créée en octobre dernier. Pour Charlotte Desmousseaux qui porte ce projet depuis treize ans, c’est une nouvelle vie qui s’offre à elle. Une vie de libraire, celle dont elle rêvait. Elle a fait le choix délibéré de s’éloigner du centre-ville et s’est installée dans le quartier Joffre, à la fois populaire et à forte identité culturelle. La librairie se situe entre le Musée des Beaux-arts et le Château des ducs de Bretagne. Soutenue par son mari Étienne Garnier qui est artiste peintre, elle organise des expositions de peintures et de photos. Elle veut faire de la librairie, un lieu de rencontres vivant et chaleureux qui, à l’image des commerces de proximité qui l’entourent, tisse un lien social fort.
Quel est le roman français de la rentrée qui vous le plus plu ?
« Boussole » de Mathias Enard (Actes Sud). Depuis le temps que j’attendais que cet auteur reçoive le Goncourt… Enfin c’est arrivé. Ce texte apporte une pierre essentielle à son œuvre. Le rapport qu’il a au savoir est très stimulant. Ce roman est une grande et belle histoire d’amour entre l’Orient et l’Occident. C’est une littérature exigeante qui requiert parfois de lâcher prise et d’accepter de ne pas tout comprendre.
Et en littérature étrangère ?
« Les vies multiples d’Amory Clay » de William Boyd (Le Seuil).
Un portrait de femme photographe qui traverse le 20e siècle. On passe un très agréable moment à suivre l’histoire de cette femme libre. L’écriture, très belle, nous porte de bout en bout.
En premier roman que nous conseillez-vous vivement de lire ?
«La Maladroite » d’Alexandre Seurat (Rouergue). Ce n’est pas un texte facile à recommander, l’enfance maltraitée étant un sujet très dur. Mais l’auteur parvient à écarter tout voyeurisme autour de ce fait divers. C’est très réussi.
Quel est le livre qui vous tient le plus particulièrement à cœur et qui est emblématique de la librairie ?
Je pourrais retomber sur un roman de Mathias Enard « Parle-leur de batailles, de roi et d’éléphants ». Mais celui que j’aime tout particulièrement mettre entre les mains de mes lecteurs c’est « Fugue » d’Anne Delaflotte Mehdevi (Actes Sud). L’histoire d’une jeune femme qui passe de son rôle de mère à celui de femme. En recherchant sa fille disparue, qu’elle finit par retrouver, elle perd sa voix à force d’avoir crié son nom. Suite à une thérapie, elle découvre qu’elle a une voix de chanteuse lyrique et qu’elle pourrait avoir un parcours artistique devant elle.
Quel a été selon vous le grand livre de l’été 2015 ?
« Les intéressants » de Meg Wolitzer (Rue Fromentin). C’est un roman générationnel qui peut être conseillé à plein de gens différents. C’est un livre dans lequel on se sent bien, dont la lecture est très addictive.
Brève de librairie :
Notre histoire est trop brève pour avoir des anecdotes. Mais j’ai le sentiment en quelques semaines de faire déjà partie du quotidien des gens et qu’ils viennent naturellement acheter un livre comme une baguette de pain. Et ce lien, cette réelle proximité, ça fait du bien.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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