J’ai aimé rencontrer une écriture dès les premières phrases, un souffle, entrer immédiatement au cœur de l’histoire. Les références, distillées avec parcimonie m’ont enchanté: » Des yeux qui font baisser les miens », un vers qui appelle, pour ceux qui connaissent la chanson, les mots qui arrivent deux vers plus loin: « voilà le portrait sans retouche ». Et voilà l’autre grand personnage de ce roman: la peinture et cet « élan qui portait les artistes vers la toile, ce besoin d’expression nettement plus sauvage, plus brutal selon elle que l’écriture ». La peinture qui va se loger partout, jusque dans les couleurs de l’appartement de Paris maquillé pour s’éloigner du souvenir, le rouge du tapis, le jaune de la table basse, ce sont les couleurs de Rothko qui viennent se nicher là.
Et puis cette passion qui ne laisse pas de trace, en apparence tout au moins, puisqu’il faut attendre le dénouement du roman pour connaître la belle trace de 17 ans.
C’est un livre fort sur la passion, ce genre de passion unique qui continue à couver même lorsque les apparences sont calmes, une passion-volcan prête à jaillir à tout moment, un Etna de sentiments comme nous aimerions tous en vivre au moins une fois dans notre vie.