Un futur pas si lointain a vu naître les robots d’assistance à la vie : d’aide ils sont devenus assistants ou plus si affinité. Ce qui est le cas de Tim, l’être humain, et de Today, le robot. Tim n’a pas bridé Today comme ses semblables et Today apprend de Tim ce qu’est l’humain et donc la réflexion, la pensée par et pour soi. Mais l’attitude de Tim vis-à-vis de son robot est jugée addictive et il est, du jour au lendemain, envoyé en cure de désintoxication auprès d’un tuteur. Pendant cette séparation, l’un va vivre un sevrage qui le laisse désemparé tandis que l’autre va devoir faire l’apprentissage de l’autonomie. C’est là que réside la première faiblesse du roman. D’un côté Today est sensé avoir déjà appris pas mal de choses avec Tim et pourtant, l’absence brutale et imprévue de ce dernier désempare Today qui réagit de façon hiératique et désordonnée. De l’autre côté, Tim sensé être accro à son robot ne ressent pas le manque comme un drogué, en tout cas, Isabelle Jarry ne le décrit pas dans des situations de manque dignes de plus grands addicts. Deuxième faiblesse du roman : nos deux protagonistes ont un côté naïf qui ne cadre ni avec leurs niveaux d’étude et de conception ni avec le rôle qu’Isabelle Jarry leur attribue. Troisième faiblesse du roman : Isabelle Jarry a à sa disposition une idée géniale dont elle ne fait pas grand-chose, en tout cas pas suffisamment. Ses idées manquent d’ambition et elle aurait du plus les développer quitte à laisser de côté quelques passages qui ne manquent pas d’intérêt mais qui ne sont pas vitaux au développement du récit. L’excellente écriture d’Isabelle Jarry ne sauve pas totalement ce récit. Je serai curieux, je crois, de la lire dans d’autres contextes narratifs, dans des récits plus ancrés dans la réalité par exemple. A l’exception certainement des dernières pages dans lesquelles (attention, SPOIL) Today prend la place de Tim pour la présentation de son rapport et l’obtention de subventions de recherche supplémentaires et où enfin, le récit prend une ampleur digne du sujet ! Il n’en reste quand même pas moins qu’elle nous interroge sur notre rapport à la technologie si ce n’est au rapport de la technologie à l’être humain, le jour où celle-ci aura acquis une réelle autonomie.