Elle est dactylo, grassouillette et mal dans sa peau, mais elle a un plan. Un jour, ce sera elle la patronne , elle qui dirigera le cabinet d’architecte à Carmona et mènera la belle vie grâce à l’argent qu’elle aura détourné du si beau couple que forment les Perales ….Ce fait divers espagnol, passé à peu prés inaperçu en France, a résonné chez l’auteur qui a tout de suite vu le potentiel romanesque de l’ histoire, celle de l’emprise d’une femme sur une autre . Que s’est -il passé dans la vie de cette Lorca, qui sonne un peu comme « Loca» c’est à dire folle en espagnol, pour qu’elle décide d’usurper peu à peu l’identité de Rocio, sa patronne à la vie parfaite ? Une simple escroquerie, un passage à l’acte pour une nouvelle vie, une revanche sociale, ou une douleur plus profonde liée à l’abandon amoureux? En menant l’enquête à la façon d’ un Emmanuel Carrère, l’auteure met ses pas dans ceux de son héroïne , elle qui vécut aussi en Andalousie et y aima un homme . Peut être que le récit n’est alors qu’un prétexte que pour se retourner vers des années heureuses et pour comprendre la femme qu’elle était à l’époque ….
Anne Plantagenet nous emmène avec maestria dans les tréfonds de la psyché perverse et cruelle de Lorca , femme caméléon, qui fait immanquablement penser au beau film « All about Eve » où une jeune actrice jouée par Anne Baxter, pique la place d’une star vieillissante interprétée par Bette Davis. L’entourage, médusé, là aussi, n’a rien vu venir. Impeccablement construit, entremêlant deux fils narratifs, «Appelez moi Lorca Horowitz» virevolte, surprend, éblouit parfois. Et si Lorca était une version au féminin de « L’Adversaire »?