« L’incroyable destin de la petite-fille d’Amon Göth, le boucher d’Hitler ». Jennifer a été placée dans un orphelinat alors qu’elle n’avait que quelques semaines. Sa mère, allemande, n’a jamais vécu avec son père, nigérian et a refusé qu’elle soit confiée à la grand-mère paternelle vivant au Niger. Jusqu’à l’âge de 7 ans, Jennifer verra épisodiquement sa mère et sa grand-mère maternelle Irène, qu’elle aime beaucoup. Mais quand sa mère se marie et tombe enceinte, celle-ci renonce à ses droits parentaux. Jennifer sera alors adoptée par une famille idéaliste ayant déjà deux garçons. Jennifer grandit entourée d’amour mais avec une blessure au coeur, celle de l’abandon de sa mère. Elle part étudier en Israël pendant deux ans, s’y sent bien, noue des amitiés très fortes. Mais alors qu’elle se prépare à obtenir son diplôme, une dépression incompréhensible la terrasse. Elle aura tout juste la force de passer ses examens et rentrera aussitôt à Munich où elle suivra une longue thérapie. Elle traîne ces épisodes de dépression même après s’être mariée et être devenue mère de deux garçons. Arrivée à la quarantaine, alors qu’elle recherche un livre dans une médiathèque, son oeil est attiré par la couverture rouge d’un livre. Quelle n’est pas sa stupeur de découvrir que ce livre a été écrit par sa mère biologique. Le sous-titre de l’ouvrage est : « La vie de Monika Göth, la fille du commandant de camp de concentration du film La liste de Schindler. » A la lecture de ce livre-témoignage, Jennifer va découvrir la vérité sur ses origines. « Amon mon grand-père m’aurait tuée » est le récit à deux voix (celle de Jennifer et celle de Nicolas Sellman, journaliste qui a interviewé ses proches). Nous découvrons la souffrance de cette jeune femme, son questionnement : Quelle part de ce grand-père monstrueux y a t’il en elle ? Sa grand-mère qu’elle appréciait pour sa gentillesse connaissait-elle les agissements d’Amon ? Comment vivre avec une telle histoire familiale ? J’ai trouvé ce récit bouleversant, passionnant. Jennifer va jusqu’au bout de ses recherches, de sa souffrance, sans aucune complaisance ni apitoiement. Il y a de nombreux passages très forts : » Je crois qu’on ne peut être en paix avec le passé, et le surmonter un jour, qu’à condition de l’aborder ouvertement. Celui qui croit devoir se cacher et cacher son identité, celui-là ne tarde pas à être malade. » » Les secrets de famille déploient une force destructrice. Tant de fois j’ai été désespérée, envahie de cette impression de me tenir devant des portes fermées. » « Tout être humain veut savoir d’où il vient, qui sont ses parents et grand-parents. Chacun souhaite être en mesure de raconter son histoire complète, avec un début et une fin. Et chacun se pose la question : qu’est-ce qui est unique en moi ? » Merci Jennifer Teege pour cet émouvant témoignage et merci aux Editions 10-18 de me l’avoir fait découvrir.