Sur la couverture du livre, il y a un cœur et une cassette audio jaune… si si, une cassette. Alors, forcément, il n’y a qu’un pas pour évoquer l’aspect « générationnel » dudit roman, pépite crépitant de joyeusetés estampillées années 80-85. Mais ce serait aller vite en besogne car s’il est vrai que les « jeunes » des années Mitterrand (1) se reconnaîtront sans peine dans cette bande de potes amateurs de rock, l’histoire imaginée par Antoine Laurain est aussi très actuelle. Troublante même, au regard du paysage politique contemporain français.
Alain, médecin quinquagénaire reçoit un jour une lettre d’un producteur de musique, trente-trois ans après son envoi. L’ex-guitariste décide de partir en quête des anciens membres du groupe de rock de ses années adolescentes : Les Hologrammes. L’un est devenu artiste contemporain (caricatural et mordant), un autre est à la tête d’un groupe d’extrême-droite. Le plus intéressant de ces protagonistes, JBM, est un entrepreneur ayant le vent en poupe, homme d’affaires charismatique que certains verraient bien en homme d’Etat ! Et puis… bien sûr, il y a l’ancienne muse, Bérangère. Ce petit monde virevolte, entre souvenirs de jeunesse et situations détonantes. Jef Koons, le chanteur Christophe et son tube « Les mots bleus », Alain Fournier et son « Grand Meaulnes » sont au rendez-vous. D’autres fois, sont mis en scène les Républicains et le parti socialiste, sans que l’auteur aie à forcer le trait de la caricature politicienne. L’ensemble donne une fiction drôlement réussie qui donnerait presqu’envie de croire au succès du mystérieux JBM.
1. Le chapeau de Mitterrand (J’ai lu 2013), du même auteur
