La rédaction l'a lu
Il connaît son rap par cÅ“ur !Ça démarre comme un cours classique : le professeur interroge à l’oral sur ce dont il a parlé lors de la séance précédente. Rapidement, le jeune lecteur plonge avec aisance dans ce décor dont il connaît par cÅ“ur toutes les facettes : la peur d’être interrogé, le regard se baissant lentement vers la table, la voix forte du professeur, un peu énervée… Ces attitudes sont du vécu, du quotidien. C’est finalement Amine – et l’on devine les soupirs de soulagement des autres-, qui est désigné et doit se rendre au tableau. Jusque là , rien de surprenant, excepté peut-être une chose qui semble, au début, anodine mais ne l’est pas du tout : il s’agit d’un cours de rap ; Amine doit retracer les origines du mouvement en France. Difficile pour le jeune homme qui semble ne pas avoir appris sa leçon. Agacé, le professeur essaye de l’aider, lui soutirant les réponses, lui arrachant les mots justes. Le basculement s’opère au moment où il le renvoie à sa place, excédé : sans crainte, Amine ne bouge pas, et finit par lui répondre. Mais là où le lecteur attendrait des paroles brutales, voire des insultes, le rap surgit. Des paroles qui riment, remplies de colère, de mots durs qui attaquent l’autre, le « master », l’ennemi. Et cet autre répond sur le même ton, imperturbable. Dès lors se met en place une joute verbale, moderne et étonnante ; un ultime face-à -face qui mène à l’affrontement. Comme si le rap était devenu une matière officielle, David Lescot emmène le lecteur dans un futur très proche, dans un collège du secondaire, dont on devine qu’il se situe en banlieue. D’abord ce sont des textes longs, portés par une voix jeune qui tente de se défendre, face à une autre qui n’enseigne plus mais relate sa propre histoire. C’est le monde de 2016 face à celui des années 70 et 80. C’est un conflit, une dispute, un « battle », qui dérive vers le « clash » : de courtes phrases, cinglantes, comme taillées au couteau, que se jettent les deux protagonistes comme sur un ring de boxe. Et le rap joue le jeu, il fait ressurgir des thèmes incontournables : la relation d’un élève et d’un professeur, mais aussi celle de l’adolescent face à l’autorité –scolaire et même policière-. En s’inspirant de l’histoire du rap et de la culture hip-hop, en employant des mots de « jeunes » -bicrav, bédav-, langue atypique et explosive des élèves d’aujourd’hui, David Lescot retranscrit les problématiques de notre société actuelle. Il met le doigt sur le racisme, la délinquance, la pauvreté, dans un « freestyle » parfaitement contrôlé. Dans le cadre de la Biennale Odyssée en Yvelines, les représentations se font dans les collèges des Yvelines (78) du 19 janvier au 7 avril 2016 : Et pour voir l’auteur rapper un extrait : |
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