Un jour je serai roi
Jean-Michel Riou

J'ai lu
novembre 2012
704 p.  7,80 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Attention : concerne ce tome et la suite (Le roi noir de Versailles), tomes qui font partie d’une saga en 4 volumes. Présenté sous forme d’intégrale, cette édition reprend les quatre tomes de la saga Pontgallet parue sous le titre château de « Versailles, le palais de toutes les promesses ». Les billets des tomes 3 et 4 sont déjà parues sur le blog au moment de la sortie des livres, vous ne trouverez donc ici que des éléments concernant les tomes 1 et 2. J’ai parlé de saga Pontgallet. Oui et non. Il y a en fait beaucoup de choses dans ce récit : la vie de la famille Pontgallet, famille de maçons qui travaille sur la construction de Versailles, certes mais aussi la vie de Toussaint Delaforge, orphelin, recueilli à sa naissance par le père jésuite Joseph de Marolles, la famille Le Faillon, toutes ces histoires étant bien entendu dépendantes les unes des autres. Il y a aussi les figures emblématiques de Louis XIV, Le Vau, Colbert, Le Brun, Le Nôtre, De la Reynie qui vont de l’ombre qui plane sur l’histoire à des personnages plus centraux. Le tome 1 est à mon sens l’un des plus réussis de la sérié avec le tome 4. Si je devais, exercice futile s’il en est, classer les quatre tomes, je mettrai le 1 en 1 (ça tombe bien), le 4 en 2 puis le 2 et le 3. Dans le tomes 1, Jean-Michel Riou s’attache, et c’edt bien normal, à Toussaint Delaforge, celui par lequel tout arrive. Orphelin recueilli par un moine jésuite qui n’a pas grand-chose du moine mais tient plus de la crapule et du tartufe, Toussaint n’aura de cesse de trouver son père et d’en apprendre un maximum sur sa mère, morte en couches. Cette soif de connaissance de son passé mènera Toussaint Delaforge sur des sentiers bien sombres et diaboliques, presque fatidiquement, comme si ses origines dictaient la trace qu’il devait emprunter et laisser dans l’histoire. On assiste vraiment à la naissance d’une figure noire, d’un être tellement hanté par son absence de passé qu’il pervertira inlassablement les chances qui lui sont offertes de changer ce destin en une vie avec un sens un peu plus altruiste. Cette course effrénée entreprise par Toussaint Delaforge vers sa vérité mènera aux événements tragiques du deuxième tome où la famille Pontgallet prendra de plus en plus de place et d’essort jusqu’à ce que la figure de Toussaint et du Roi noir de Versailles s’efface pour laisser la place à Amandine, à Jean Le Faillon, à Marguerite, figure matriarcale garante de la survie de sa famille et héritière des sombres et lourds secrets de sa famille. Marguerite d’un côté et Toussaint de l’autre sont les deux facettes d’une même posture : celle de la volonté hérissée en dogme, d’un côté soumise aux aléas et interventions extérieurs mais humains et de l’autre soumise à la fatalité. A défaut d’avoir le choix, ces deux figures que tout oppose en font qui impactent toutes les personnes qui gravitent autour d’elles. La grande réussite de Jean-Michel Riou est de mêler la quête obsessionnelle de son passé d’un côté et la soif de dépasser les drames qui jalonnent sa vie de l’autre, à la Grande Histoire, de celles qui bâtissent les légendes, ici celle de Louis XIV et de Versailles, accouché du relais de chasse adoré de son père. Les destins de de Toussaint et de Marguerite s’inscrivent dans celle du palais du Roi Soleil et Jean-Michel Riou a l’intelligence de mettre celle du Roi, de son palais, de ses favorites en pointillé derrière celles des quidams qui ont fait en sorte que l’autre Histoire puisse exister. Autre écueil évité par Jean-Michel Riou : il n’accable pas le lecteur sous une avalanche de mots depuis lors perdus et oubliés qui ne feraient que hacher la lecture. Du bon travail : une bonne histoire et une bonne lecture…

partagez cette critique
partage par email