Léon est celui à qui la vie a tout donné : la terre riche et fertile du domaine du Grand- Fleury en Saône et Loire, les plus belles charolaises, l’affection maternelle et surtout l’amour inconditionnel de Cassandre, sa femme. Et pourtant, un jour, à 77 ans, il disparaît. Et le lecteur, très vite, est mis au courant : il ne reviendra pas. Cassandre le sait et se tait. Léon avait un frère dont on ne parle jamais. Que s’est il passé entre eux, là-bas en Algérie, pendant la guerre ? Cassandre, fille adoptée aux origines haïtiennes, n’a jamais pu s’intégrer : sa peau est trop sombre pour les gens d’ici, elle n’ a pas réussi à donner un héritier à Léon. Bientôt d’étranges lettres lui parviennent, décrivant un passé familial dont elle ne soupçonnait pas l’existence .
Le roman de Corinne Royer au titre évocateur mêle plusieurs fils narratifs comme autant de livres: c ‘est une fable philosophique forte sur l’ancrage identitaire, notre recherche de racines, et le rêve du merveilleux. Cassandre se retrouve à la tête d’un domaine prospère certes mais que les fureurs de la Loire qui ronge la falaise menace d’ensevelir. Tout comme son mariage et sa vie d’avant, puisque Léon est parti. L’auteure de « La vie contrariée de Louise » livre ici un récit chatoyant et majestueux, dans une langue poétique et fiévreuse. Elle nous transporte des immensités blanches de l’Antarctique jusqu’aux plages du Mexique, des légendes d’Haïti à l’Algérie du chaos. En amoureuse des lieux et des mots, Corinne Royer dessine la géographie des rêves d’une famille et pose la question essentielle : de quel endroit venons nous vraiment ? De celui où nous sommes nés, ou celui où on l’a aimé ?