Arsène Lupin nous revient en pleine forme, égal à lui-même, fidèle à l’image de héros sans peur mais pas sans reproche, un peu fou et décalé, hermétique au danger, pince sans rire audacieux, passé maître dans l’art du déguisement et de la supercherie, invisible aux yeux des autres, sauf des femmes qui l’aiment. Benoît Abtey et Pierre Deschodt n’ont pas à rougir de ce qu’ils ont fait de l’héritage dont ils se sont emparés. Alors on pourrait toujours dire que les théories du complot d’une société secrète qui vise à obtenir la domination du monde est une thématique qui n’a connue son essor en littérature il n’y a que quelques années, grâce à Dan Brown, au moins le font-ils intelligemment en opposant un voleur, certes au grand cœur, mais qui n’est pas du bon côté de la loi, solitaire à une entité aux ramifications internationales. D’ailleurs, seul le talent d’un Arsène Lupin et son intelligence en terme d’organisation, à l’égal d’un Sherlock Holmes des meilleurs jours, est capable de se mettre en travers des plans diaboliques de cette obscure organisation ayant une araignée pour emblème et dont le but est de provoquer une guerre mondiale. Nous sommes en 1897 au début du récit puis nous basculons en 1907… en pleine crise de suprématie coloniale au Maroc entre la France et l’Allemagne dont la rivalité de 1870 est encore très fraîche. En inscrivant leur récit dans une réalité historique aussi tendue, Benoît Abtey et Pierre Deschodt remplissent pleinement leur mission. En ajoutant un style efficace sans temps mort, ils proposent un livre qui se lit d’une traite et représente un divertissement largement plus qu’honorable et instructif quant à un contexte historique sur lequel le lecteur curieux trouvera pléthore de sources d’informations complémentaires.