o n l a l u & v u
un livre et un film
Osez, osez Rosalie
L’histoire: Un échange de regards furtifs avec une épicière et Vincent, un jeune coiffeur de province plongé dans sa vie routinière, ressent un puissant et bouleversant sentiment de déjà vu. Ne sachant pourquoi, où, quand, comment, il l’a déjà rencontrée, il va la suivre. Inversement cette dernière comme un retour à l’envoyeur, le fait filer par Aude, sa nièce un peu paumée. Ces trois personnages vont à travers leurs filatures réciproques, retisser les fils de leurs vies disloquées.
Le roman (graphique) : « Rosalie Blum », ce sont trois albums BD (2007-2008-2009) récompensés par de nombreux prix qui aujourd’hui sont publiés en version intégrale à l’occasion de la sortie du film. La délicatesse du trait et la palette subtile des aquarelles de Camille Jourdy sont au service d’une très jolie histoire animée de personnages tout en finesse. Si son univers est poétique, cet auteur-dessinatrice sait très bien lâcher les chevaux en faisant preuve d’une audace créative assez fantasque. Et puis sans crier gare, au fil des pages, elle installe une forme de suspense très efficace avec le désir transmis au lecteur de s’engager aux côtés de ses personnages dans ces filatures aussi loufoques que rocambolesques.
Le film : Pour sa première réalisation Julien Rappeneau (scénariste et fils de Jean-Paul) a eu la main heureuse avec cette adaptation, toute personnelle, mais respectueuse de l’univers de Camille Jourdy. Leurs références se répondent et s’enrichissent mutuellement. Voici un film sur le fil de l’émotion dont la fantaisie et le charme sont singuliers. Le tournage à Nevers, offre des images très graphiques qui rappellent la jolie France mélancolique de Raymond Depardon. Julien Rappeneau renouvelle le genre de la comédie avec beaucoup de distinction sans se départir d’une indéniable efficacité dans son tempo. Un film tendre et délicat à voir en famille.
Au générique : Kyan Khojandi, Noémie Lvovsky, Alice Isaaz, Anémone en mère possessive totalement cinglée, Philippe Rebot, Sara Giraudeau. Mention spéciale au casting et la direction d’acteurs qui éclatent le carcan habituel entre premiers et seconds rôles. Ils sont tous épatants.