critique de "Landfall", dernier livre de Ellen Urbani - onlalu
   
 
 
 
 

Landfall
Ellen Urbani

traduit de l'anglais par Juliane Nivelt
Editions Gallmeister
americana
mars 2016
304 p.  22,50 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Dans l’Å“il du cyclone

De 1991 à 1993, Ellen Urbani fut membre de la célèbre agence américaine du Corps de la Paix au Guatemala. Autant dire que cette auteur possède une conscience humanitaire aiguisée, qu’on découvre avec un premier roman sensible et rythmé, racontant le destin croisé de deux familles, l’une blanche, l’autre noire, prises dans la tourmente de l’ouragan Katrina en 2005.

Gertrude et Rose Aikens vivent en Alabama. Au lendemain du passage de Katrina, comme beaucoup de leurs concitoyens, cette mère et sa fille de 18 ans se rendent dans un centre de la Croix-Rouge, la voiture chargée de vêtements et de vivres pour leurs voisins louisianais sinistrés. Mais sur la route, elles ont un accident : Gertrude périt sur le coup, ainsi qu’une jeune fille noire que leur véhicule a percutée. Après les funérailles de sa mère, sa seule famille, Rose se met en tête de retrouver les proches de l’autre victime dont seul le prénom, Rosy, a été identifié, et sur laquelle on a découvert une carte de visite, un reçu de cafétéria et la page d’un annuaire arrachée où figure le nom des Aikens. Coïncidences ou pas, la rescapée est déterminée à rendre Rosy à des parents qu’elle présume dans l’inquiétude et le désespoir. Commence alors une enquête à rebours, jalonnée de rencontres inférées par les indices trouvés sur la jeune morte, qui conduira Rose jusqu’à La Nouvelle-Orléans et à ses quartiers dévastés par l’ouragan. La construction habile alterne les chapitres consacrés à Rose et à Rosy, toutes deux élevées par une mère célibataire, et qui, au fur et à mesure de la narration, se rapprochent dans un espace-temps improbable. Comme dans un roman d’apprentissage, l’objectif initial de Rose se double d’une prise de conscience de la réalité du terrain, soumis à l’incurie des pouvoirs publics et aux violences policières perpétrées contre les déshérités noirs après la catastrophe. « Retrouver » Rosy devient donc une obligation de justice et un devoir de vérité, afin que Katrina ne serve pas à dissimuler l’incompétence politique et le racisme.

Voilà un roman haletant et bouleversant où les personnages féminins sont particulièrement réussis, certains tout simplement magnifiques, participant de l’efficacité romanesque et d’une réflexion délicate sur la filiation, la maternité et la rédemption. Livre à lire et auteur à suivre !

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 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Je ne me rappelle plus à quelle occasion j’ai entendu parler de ce roman mais le fait qu’il soit recommandé par deux écrivains que j’aime (Pat Conroy et Fannie Flagg) m’a incitée à l’acheter. Imaginez deux familles monoparentales d’un côté la famille blanche représentée par Rose, 18 ans, et sa mère Gertrude et de l’autre la famille noire composée de Rosy, 18 ans, et de sa mère Cilla. La famille blanche et la famille noire n’auraient jamais dû se rencontrer mais le destin en a voulu autrement. Après le passage de l’ouragan Katrina, Gertrude a vidé ses placards et rempli sa voiture de sacs de vêtements qu’elle souhaite donner aux sinistrés de La Nouvelle-Orléans. Rose l’accompagne. Rosy et Cilla sont restées prisonnières des eaux , coincées pendant 3 jours dans le grenier de leur voisine. Quand enfin, elles sont parvenues à s’en extirper, elles se retrouvent confrontées à la mort, à la panique, aux conditions déplorables dans lesquelles les gens sont parquées et abandonnées dans le stade du Superdome. Cilla étant bi-polaire, une crise se déclenche. Elle sera emprisonnée par des policiers complètement dépassés par les évènements. Rosy prendra alors la route afin de trouver de l’aide auprès de la famille de son père, père qu’elle n’a jamais rencontré car il s’est suicidé avant sa naissance. C’est sur la route que le destin va réunir Rose et Rosy : à cause de la chaussée rendue glissante par les pluies torrentielles, Gertrude va perdre le contrôle de son véhicule, écrasant Rosy qui marchait sur le bas-côté. La voiture finira sa course dans un arbre dont une branche maîtresse traversera le pare-brisera et empalera la conductrice. Rose se retrouve être la seule survivante de cet accident. Elle n’aura de cesse de retrouver la famille de Rosy afin d’annoncer elle-même la mort de la jeune fille. Elle ne s’attendait pas à ce qu’elle allait découvrir. Roman puissant, sans concession quant à la description de la situation créée par l’ouragan Katrina et des séquelles pour les habitants de La Nouvelle-Orléans. Au-delà de l’histoire de famille, ce sont ces évènements qui sont particulièrement intéressants.

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