Une fois le roman de Cléo Le-Tan refermé, on se demande ce qui a bien pu pousser Grasset à le publier? La maison d’édition espérait-elle réussir un coup à la Félicité Herzog? Mais c’est oublier que Félicité Herzog sait écrire, elle. A-t-elle imaginé que ce récit allait provoquer un buzz doublé d’un scandale, parce que les protagonistes (à peine déguisés) sont un peu connus? Il se trouve que quelques jours avant, j’avais relu « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan. Evidemment, c’est cruel et cela n’a pas arrangé les affaires de cette jeune Cléo. Où l’une réussit à transformer une tragédie en œuvre littéraire, l’autre ne parvient qu’à déverser son fiel et sa haine envers sa mère anglaise, Beaule, selon elle écervelée, snobe, égoïste, et intéressée. Est-ce vrai? Impossible de le savoir et cela n’a, au fond, aucune importance. Cléo a-t-elle souffert du désintérêt des ses parents, trop occupés à tenter de donner un sens à leurs vies respectives? Probablement. Tout cela est bien triste, mais le problème, c’est que, de même que l’on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, on n’en fait pas davantage avec des mauvais. Cette litanie de plaintes, qui n’est soutenue par aucun style, devient très vite pénible. Bref, « Une famille » est à éviter. Ce qui reste le plus réussi est la couverture, dessinée par le père, Pierre Le Tan, qui doit quand même être un peu maso pour cautionner ce déballage.