Mount Terminus
David Grand

traduit de l'anglais par Bernard Hoepffner
Seuil
cadre vert
janvier 2016
415 p.  22 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Superproduction

Avant qu’Hollywood ne devienne Hollywood, il y avait un ranch au milieu de nulle part. David Grand raconte que ce bout du monde avait pour nom « Mount Terminus », et nous embarque dans une grande fresque romanesque comme on les aime, ancrée dans la Californie du début du 20e siècle, un territoire qui, après la ruée vers l’or, est sur le point de devenir le centre de l’industrie cinématographique. Frères ennemis, sœurs de malheur, bâtisseurs de rêves et profiteurs, il y en a pour tous les rôles : bienvenue au pays des étoiles.

Jacob Rosenbloom et son fils arrivent de l’est du pays pour s’installer à Mount Terminus, une vieille propriété californienne sise sur un promontoire entre le désert de Mojave et l’océan Pacifique. Cet exil est surprenant ; Jacob, véritable self-made-man, est au sommet d’une brillante carrière dans l’industrie optique, et l’inventeur génial d’un projecteur d’images en mouvement pour Thomas Edison, qui signe la naissance du cinéma. Mais, endeuillé par la mort de sa femme neurasthénique, il a voulu fuir tout ce qui lui rappelait son ancienne vie. Bloom, son fils, grandit ainsi avec des souvenirs mélancoliques et le poids d’une histoire familiale digne des grandes épopées bibliques. Rêveur reclus et solitaire, il passe son adolescence dans les livres, dessine, se perd dans le jardin labyrinthique et découvre les secrets de la villa en compagnie d’une jeune servante muette. A la mort de son père, Bloom hérite non seulement d’une fortune considérable, mais aussi d’un demi-frère aîné, un capitaine d’industrie envers lequel le jeune homme se sent une dette pour les erreurs paternelles. Arriviste et visionnaire, Simon entend concrétiser ses ambitions et exploiter le nouveau filon cinématographique, transformant Mount Terminus en décor à ciel ouvert. Le monde de Bloom vacille, entre art exigeant et grand spectacle.

Dans ce siècle qui commence avec fracas, on se console des paradis perdus en se racontant des histoires. Mount Terminus est le théâtre de ces récits enchâssés les uns dans les autres, des révélations et des trahisons, le tout fondu enchaîné dans une architecture romanesque infaillible. Sans jamais sortir son personnage de son domaine, l’auteur réussit à l’ébranler par les massacres des Amérindiens, à le blesser dans la Grande Guerre, à le désespérer par amour pour une photographe fantôme, bref, à nous montrer le monde qui change à la vitesse d’une vie, où l’inverse. Du grand roman.

 

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