Marguerite n'aime pas ses fesses
Erwan Larher

QUIDAM EDITEUR
made in europe
avril 2016
260 p.  20 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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Un jeu de massacre jubilatoire !

Donc Marguerite n’aime pas ses fesses. Et ça voyez-vous, de nos jours, ce n’est pas anodin. Parce que le monde est régi par les fesses. L’apparence, la séduction, le physique plutôt que les idées. Et le cul, bien sûr. Alors, si vous pensiez que ce titre n’était qu’un coup marketing, ma foi, vous n’y êtes pas du tout. Marguerite n’aime pas ses fesses, c’est un vrai syndrome du XXIe siècle. Et c’est la clé de la réussite de ce roman jubilatoire, saisir parfaitement l’air du temps, souligner ce qui fait mal, ce qui marche de travers en renvoyant à des comportements qui nous sont forcément familiers et à des sensations bien connues. Tout ceci sans avoir peur de l’excès, comme un reflet, là-aussi de notre époque. Sous les apparences d’une intrigue un peu foutraque, Erwan Lahrer mène parfaitement sa barque. On se marre, on grimace, on rougit et on passe un super moment. Parce que Marguerite, c’est un peu nous. Elle rêve sa vie parfaite et se dépêche d’oublier la réalité (un mec oui, mais alors… franchement il y a des paires de claques qui se perdent). Un job de corvéable à merci dans une maison d’édition. Une mère excentrique et désinhibée, qui se veut plus copine que maternelle, plus mini-jupe que tricot et n’hésite pas à piquer les mecs de sa fille. Plus de père. Mais un blog sur lequel elle se défoule en assassinant les livres qu’elle juge mauvais (ça doit soulager, c’est sûr). Marguerite s’invente une vie tous les jours, se met en scène sur les réseaux sociaux et se voile plus que la face. Et puis, son employeur l’envoie soudain auprès d’un ancien président de la république pour l’aider à accoucher du dernier tome de ses mémoires. Aux côtés de ce vieil homme roué et obsédé sexuel (n’ayons pas peur des mots), Marguerite va découvrir de nouvelles perspectives. Et là, ça devient très très chaud (à tous les niveaux). Tout en tricotant son intrigue à la manière d’un sympathique polar un peu déjanté (mais qui s’amuse donc à dézinguer les vieux politicards qui ont si bien profité du système ?), l’auteur met parfaitement en scène la vision d’un monde politique voué aux pires excès, provoquant le désenchantement que l’on sait. Sans oublier de dresser le tableau d’une société du virtuel, de l’apparence, du mensonge et de la mise en scène. Et ma foi, c’est terriblement juste. Franchement, il faut lire les aventures de Marguerite comme un marqueur de ce début de XXIe siècle. Alors certes, on rit un peu jaune, quand on perçoit son propre reflet dans le miroir tendu par l’auteur (oui, tout le monde y verra à un moment ou à un autre apparaître son reflet). Mais qu’est-ce que c’est bon !

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